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Biographie

Bohren Und Der Club Of Gore

Bohren Und Der Club Of Gore prend ses racines dans l'Allemagne de la Ruhr en 1992, lorsque 4 camarades d'études décident d'abandonner le Hardcore de leur jeunesse pour tisser une ambiance Jazz très noire, aux portes du Doom. C'est en 1993 que le nom du groupe devient Bohren Und Der Club Of Gore en référence au groupe de Doom instrumental néerlandais, Gore. Les premiers échos de ces ballades Jazz apparaissent en 1994 et 1995 avec les albums Gore Motel et Midnight Radio.

Après un hiatus de cinq ans, les Allemands reviennent avec Sunset Mission en 2000 qui fait la part belle au saxophone et à la profondeur des basses. Une nouvelle direction qui se confirme avec Black Earth en 2002 et, surtout, Geisterfaust en 2005 où le groupe compresse au maximum le son de ses instruments à vent (Tuba, Trombone). En 2008 Dolores, opte pour une approche sensiblement plus lumineuse alors qu'en 2014, Bohren Und Der Club Of Gore sort Piano Nights, plus intimiste.

Chronique

14.5 / 20
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Piano Nights ( 2014 )

Innover, offrir de la nouveauté après plus de vingt-deux années d'activité. Voici le défi d'un groupe qui n'a plus rien à prouver dans son domaine, le Dark Jazz, dont ils sont à la fois instigateurs et rois. Six ans après Dolorès, Bohren und Der Club of Gore fait son grand retour avec un Piano Nights qui les montre bien plus intimistes encore qu’à l’accoutumée, et ce n’est rien de le dire. 

Bohren und der Club of Gore ralentit le tempo. Non ce n’est pas une blague. Certes, ils n’ont jamais franchement été dans la rapidité ou l’immédiateté de l’efficacité. Mais à l’écoute de ce Piano Nights, l’évidence est pourtant bien là, criante. Le groupe se défait de ses apparats coutumiers. Terminé le temps du minimalisme orchestral, où les arrangements d'antan laissaient envisager un jazz alambiqué rongeur d'atmosphère, fouineur d’impuretés. Alors que leurs albums majeurs que sont Sunset Mission et Black Earth se fendaient d’une couleur urbaine poisseuse, les allemands développent ici la linéarité d’une atmosphère intimiste. L’intimité de ce piano, de ces claviers sous-jacents, de ce saxophone précieux, de cette batterie intermittente et de ce xylophone joueur.  
Tel un corps privé de solutions vitales, l'encéphalogramme balbutiant de Piano Nights laisse entrevoir sa perfide ambition par le biais de sa simplicité d'exécution. Simple sans être simpliste. Difficile de ne pas se laisser happer par la puissance qui se dégage de l’album. Les claviers, notamment, qui même s’ils se font bien souvent très discrets, sont les piliers de ce Piano Nights. Old school, poussiéreux, nonchalants, volontairement kitchs au même titre que la pochette, ils donnent le ton et maintiennent la cohérence de l’ensemble. L'ère d'un minimalisme nouveau est désormais actée. 

Autour de cette épuration instrumentale assumée se développent nonobstant les atmosphères atypiques du groupe que l'on se plait à reconnaître. L’empreinte des allemands scellée au fur et à mesure des années ne disparaît pas. Cette marque si singulière qui leur permettent aujourd’hui encore d’être cette référence et qui justifie le culte autour d’eux. 
Ici le minimalisme est pernicieux, travaille autour de quelques notes mais surtout de longs silences. Sur des tempos qui feraient parfois frémir la lenteur elle-même, le groupe développe ses neuf unités en un seul bloc d'une porosité mélodique touchante.
Rarement un album aura aussi bien porté son nom. Difficile en effet de l’écouter à un autre moment, dans un autre contexte que le soir, voire la nuit. Dans la solitude d’une soirée rêveuse où le sommeil peine à se frayer son habituel chemin, où l’anxiété tirée des tracas quotidien, ceux qui se cachent le jour et qui commencent leur pèlerinage à travers vos pensées dans l’obscurité d’une fin de journée. Oui, c’est bien à ce moment que Piano Nights se révèle, se distingue, s’exploite.


Bohren und der Club of Gore revient donc avec un album habité qui se fait un malin plaisir d’empoussiérer nos fragilités. Sans doute pèche t-il dans sa linéarité, le manque de moments vraiment marquants se faisant parfois ressentir. Mais enfin, après tant d’années passées au service du Jazz Noir, impossible de ne pas rendre hommage à ces rêveurs du soir.

A écouter : Tard