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Biographie

Blueneck

Blueneck est un groupe de Post-Rock anglais formé en 2000. S'inspirant des paysages ambiants pour fabriquer sa musique, le quintet évolue dans une style proche de Gregor Samsa, The Pirate Ship Quintet, Laura ou encore Sigur Ros. Duncan Attwood (Guitare / Claviers / Chant), Richard Sadler (Guitare), Ben Green (Guitare), Ben Paget (Basse) et Johnny Horswell (Batterie) sortent leur premier album, Scars Of The Midwest, en 2006 après plus d'un an et demi de gestation. Un premier disque sombre et oppressant qui donne lieu à une suite, The Fallen Host trois ans plus tard qui sort chez Denovali Records. En 2011, le line-up de Blueneck est quelque peu remanié avec l'arrivée de Chris Copsey (Batterie) et Timothy Leeson (Guitare) en remplacement de Johnny et de Ben Green. Les anglais composent alors leur nouvel album nommé Repetitions qui sort encore une fois chez Denovali Records. L'année suivante, le groupe conclue sa quadrilogie avec Epilogue.

13.5 / 20
1 commentaire (15.5/20).
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Repetitions ( 2011 )

Blueneck n’est plus post-rock. L'alizé a été happé par un trou noir. Au fond d’un puits qui le cloitre. Là où Blueneck ne peut plus déployer ses ailes post-rock. Là où les houles sonores s’inclinent devant les mélodies glaciales.

Saisissant de froideur, de repli et d’intimité, Blueneck se rapproche désormais de Birds of passage dans cette manière d’errer seul, incertain, dans le gris et la brume, hanté par les souvenirs et les mélancolies ("Sawbones", "Una Salus Victus", "Barriers down") avec ce quelque chose d’un Talk Talk désabusé et la pop en moins. Repetitions est une épreuve. Une tranchée dans l’aorte qui déverse un sang noir comme le deuil. Privé d’espoir, de couleurs, empêtré dans les filets d’un ciel migraineux et vaseux. Quelque part au milieu de La Route de Cormac McCarthy. Le climax de "Pneumothorax" semble déjugé ce constat. Mais c’est un leurre. Derrière cette réminiscence des élancés post-rocks propres aux premiers efforts du groupe, il n’y a plus d’odyssée harmonique. L’aède n’est plus lyrique. Le chant est trop affligé. Duncan Attwood traine une peine violente, égrené dans une pluie de phrases qu’il peine à achever. On songe alors à Gary JulesAntony and The Johnsons, Damien Rice ou Chris Garneau. Et on déprime sévèrement.

Le problème de Repetitions provient de ce double écueil. Premièrement, c’est qu’en voulant illustrer fidèlement son titre, il livre un opus qui manque cruellement de variété et de relief. Secondement, c’est que la plongée dans le spleen est telle que l’écoute entière du disque s’apparente à un véritable moment d’affliction, un véritable moment éprouvant au sens littéral du terme. Mais puisqu’on dit que la mélancolie, c’est le bonheur d’être malheureux… Il plaira aux amateurs de cafard. Le vrai cafard. Celui qui a ostracisé la lumière et l’espérance.

En écoute ici et en commande chez Denovali.

15 / 20
1 commentaire (14/20).
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The Fallen Host ( 2009 )

The Fallen Host est un 2e album. Le deuxième depuis la création du groupe en 2004. Un groupe avare de commentaires, qui retombe dans un relatif anonymat une fois épuisés les quelques propos qui ont pu surgir çà et là. Un groupe, à l'image de sa musique, évanescent, qui a besoin de se situer en dehors des choses du monde pour écrire. Une musique, à l'image du groupe, qui doit s'isoler pour s'envoler. The Fallen Host est un album de solitude, dont on sent la gestation douloureuse et dont on pressent l'accouchement salavateur et cruel.

Il y a un sens du drame exacerbé chez Blueneck qui, paradoxalement, ne se révèle qu'au travers d'une pudeur de surface. Il y a ces tensions palpables dans chaque mélodie. Il y a ces schémas fatidiques qui ne mènent qu'aux climaxes inévitables. Entretemps, les Américains jouent chaque note sur de la neige, dans une retenue qui rapproche du religieux. Les mélodies claires sont brèves et timides (Seven), discrètement répétées. Une économie au piano ou à la guitare qui fascine par ce qu'elle sous-entend. Ainsi que par le dialogue qu'elle va tisser au sein du lyrisme montant des violons (Low), qui prenent alors par la main le reste des instruments jusqu'à les mener au sommet où ils s'épuiseront. Imperturbables, pourtant, ils remonteront la montagne par vagues successives (The Guest, Revelations). Comme ses compatriotes de Gregor Samsa, Blueneck se fait l'écho d'un post-rock cotonneux où la froideur des passages ambient se lie à la fragilité de ses montées.

The Fallen Host est remplit d'une morne gravité que soulignent les répétitions de structures entre les morceaux. Les couleurs froides, bleu et blanc, de la pochette sont les signes d'une absence de manières, du dénuement voulu qu'il soit sonore ou visuel. On y voit, derrière, le fatalisme des mélodies, le destin brisé de la voix de Duncan Attwood qui se fond à la tristesse environnante. Les élans se cassent comme des vagues sur les rochers, au large bien sûr, dans la solitude de l'océan. La magnifique et tourmentée Lilitu se fait alors chant du cygne dont un faible écho parviendrait à se faire entendre. Et, malgré la tournure désabusée que prend l'album, il reste un confort dans lequel il est masochistement bon de se lover. Poussant encore plus loin le sentiment d'isolation qui entourait déjà Scars of The Midwest, The Fallen Host force au retour sur soi et ancre son auditeur dans un espace désespérément vide.

Si la richesse de ce disque ne provient pas d'un quelconque renouvellement du genre, elle émane à coup sûr de cette ambiance hivernale si particulière qu'il parvient sans mal à insuffler. Car si The Fallen Host s'écoute au coin d'un feu où fondent les flocons de souvenirs, il laisse aussi la porte ouverte au vent glacial qui, lentement, remonte l'échine. Et fait frissonner.

A écouter : Seven - Weaving Spiders Come Not Here - Lilitu - Revelations