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Biographie

Blood Ceremony

"We're anti-war, but pro-horror. Standing before the crimson altar, our minds melted as we gazed into the cosmic eye. Now we slay the stages of the universe with heavy riffs, paranoia-inducing trills and '70s fills."  Mais encore?  Ben pas grand-chose… si ce n’est que derrière le patronyme de Blood Ceremony (choisi d’après le film d’horreur espagnol Ceremonia Sangrienta, sorti en 1972), on retrouve Alia O'Brien (chant, flûte, orgue), Sean Kennedy (guitare), Chris Landon (basse), et Andrew Haust (batterie). Formé à l’hiver 2006 à Toronto, le groupe prend l’habitude de jouer très fréquemment dans les salles locales ainsi qu’à Montréal, où ses concerts un peu particuliers (endroits pas communs, concerts avant la projection de films expérimentaux, etc.) contribuent à son succès. Notons par exemple la participation du groupe au Pop Montreal 2007 ainsi qu’au CMJ Festival de New York la même année.
Après quelques difficultés, la formation parvient enfin à composer et enregistrer un album, mixé par Billy Anderson, album –éponyme- qui finit par sortir chez Rise Above Records en 2008. Le groupe trouve ensuite son rythme, revenant avec Living With The Ancients en 2011, The Eldritch Dark en 2013 et enfin Lord of Misrule en 2016.

Lord Of Misrule ( 2016 )

Blood Ceremony est de retour, trois ans après le très bon The Eldritch Dark qui se défaisait déjà d’une partie de la pesanteur Doom de Living With The Ancients au profit de sonorités plus courantes chez les groupes de rock psyché de la fin des années 60 que dans la discographie de Black Sabbath. Une tendance qui se confirme sur Lord of Misrule, mais qui n’est en aucun cas synonyme de baisse de qualité dans les compositions des quatre Canadiens. The Devil’s Widow nous rassure d’ailleurs d’emblée à ce sujet. Les ingrédients classiques d’un disque de Blood Ceremony sont tous au rendez-vous, mais s’associent dans une ambiance différente, plus aérienne et optimiste. A l’image de la pochette, le groupe semble avoir trouvé le chemin vers la lumière qui leur faisait défaut précédemment, surtout si l’on compare ce visuel avec celui de Living With The Ancients. Il en découle une musique plus « joyeuse » et enlevée, propice à l’évasion et au partage plutôt qu’à la misanthropie.
 
La chose qui frappe de prime abord est encore et toujours cette cohésion sans failles entre les musiciens (une impression qui se vérifie lorsque l’on a la chance de les voir en concert). La voix d’Alia O’Brien se montre tour à tour aguicheuse ou franchement inquiétante. Ses parties de flûtes ne sont pas simplement un gimmick rappelant Jethro Tull mais contribuent véritablement à la progression des morceaux. Son clavier, utilisé de façon très parcimonieuse, vient incarner un occultisme s’exprimant cependant plus subtilement que sur les albums précédents. La rythmique, si elle n’en rajoute pas, est d’une pertinence et d’une justesse appréciables, laissant ainsi aux solistes le loisir de prendre leurs aises (le solo de guitare décontracté de Loreley, la flûte déchaînée de The Rogue’s Lot…). L’incantatoire Lord of Misrule symbolise d’ailleurs le talent du groupe lorsqu’il s’agit de transformer une mélodie a priori anodine en incitation à invoquer des forces ténébreuses. Attention, Blood Ceremony n’a pas oublié comment écrire des riffs sentant à plein nez le Doom (The Rogue’s Lot) ou le Heavy Metal (Old Fires), il a juste atteint un tel niveau de maîtrise et de maturité que sa musique a son propre univers, ne se laissant pas définir par ses seules influences mais bien par la richesse et l’intelligence de ses compositions. 

S’aventurant sur des territoires variés, les Ontariens se permettent de toucher au rock sudiste sur Half Moon Street ou d’effectuer un voyage dans les Swinging Sixties avec Flower Phantoms, véritable capsule temporelle d’une époque insouciante et décomplexée. Ces allers-retours n’ont pourtant pas d’effet sur l’homogénéité qui se dégage de cet album, et lorsque l’ambiance se fait médiévale (The Weird of Finistere), nous partons les yeux fermés et sans peur à la quête d’un Graal défendu par des créatures tout droit sorties de la légende arthurienne. Personne n’est dupe, la vie n’est qu’un cycle destiné à se répéter à l’infini. Le fataliste et mélancolique Things Present, Things Past boucle ainsi une boucle que le groupe se fera certainement un grand plaisir de revisiter à l’heure d’écrire son prochain chapitre.

A écouter : Avec bougies et encens
15 / 20
3 commentaires (17.33/20).
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Blood Ceremony ( 2008 )

  Oh, bah tiens, bah voilà un groupe qui sort de nulle part et qui donne dans l’hommage aux 70s à grand renfort d’occulte, de volutes de fumée et de visionnage intensif de films types série B. Original. Mais ne soyons pas mauvaise langue, cette vague rétro-Doom qui bloque complètement sur le Prog hippie génère de bien bonnes choses, comme par exemple Witchcult Today d’Electric Wizard ou encore Lords of the North et Jex Thoth, dont le buzz autour de son -immense- premier album aura duré un bon moment. C’est d’ailleurs dans la droite lignée de ce dernier que s’engouffre Blood Ceremony, avec des influences similaires et une même utilisation du chant féminin.

  Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une copie carbone de Jex Thoth. Certes, le chant blindé de références mystiques (surprenant, hein ?) rappelle inévitablement le disque éponyme des gens habillés à la mode moyenâgeuse, c’est par exemple flagrant sur I’m Coming with You ou Into the Coven, mais Blood Ceremony va plus loin dans l’exploration de cette époque allumée qu’étaient les 70s en développant un côté Prog Rock bien plus prononcé que ses contemporains proto-doomeux. Ainsi l’ambiance se fait davantage bucolique qu’occulte avec des riffs aériens, des claviers kitsch et… de la flûte. Tout le temps. Partout. Parfois même trop, d’où quelques grimaces lors de la première écoute (A Wine of Wizardry quoi, un instru à la flute !). Autant donc dire qu’il faut accrocher tout de suite, parce-que la recette est la même d’un bout à l’autre de l’album. L’uniformité de ce disque est d’ailleurs son principal défaut, puisque toutes les pistes sont similaires. Le groupe semble ainsi avoir eu du mal à construire quelque chose de personnel sur une base qu’il est loin d’être le seul à exploiter, surtout en ce moment.

  Pourtant, même si l’utilisation à outrance de la flute peut paraître casse-gueule, elle prend tout son sens lorsque l’on considère la tonalité générale du disque, car si la miss répète à qui veut qu’elle voie des sorcières dans le ciel, c’est plus à cause du vin dans son acide qu’autre chose. Il faut donc oublier l’atmosphère type messe noire d’Electric Wizard, puisque malgré son nom, Blood Ceremony tient plus d’une vaste célébration genre Summer of Love que du sabbat noir. Du coup, l’utilisation du terme Doom Metal serait presque galvaudée si l’on ne trouvait pas tout de même, au détour d’un riff, des sonorités typiques du genre (Hop Toad, Children of the Future ou, évidemment, Master of Confusion dont on reparlera).  Mais reste que le pire dans tout ça, c’est que ça marche, alors que tous les éléments pour un bon gros plantage étaient présents. car même si on reste loin de Jex Thoth, le talent de composition est réel, et quelques titres valent quand même leur pesant d’or, notamment l’acid trip The Rare Lord, Return to Forever (sûrement la devise du disque) qui parvient à harmoniser guitare et flute dans tomber dans le pompeux, le single Children of the Future (humour de la part de ces êtres restés bloqués trente ans en arrière) ou encore l’inévitable hommage à Black Sabbath qu’est Master of Confusion.  Mention spéciale également à l’evil cri de crapaud sur Hop Toad (normal en même temps). Finalement, cet album n’est en fait rien d’autre qu’un long hymne en l’honneur de ce hippie de Pan… il n’y a qu’à voir (et écouter) le titre final pour s'en convaincre.

  Blood Ceremony passe donc sans problème le cap du premier opus, même si son album éponyme ne restera pas dans les annales, ni même au top des sorties 2008. Néanmoins, il serait dommage de l’enterrer définitivement sous l’infamante étiquette « Jex Thoth en moins bien », car sa musique possède ce côté kitsch qui donne tout de même envie de hurler « so fresh ! » à chaque écoute. Oui, c’est contradictoire.

01. Master of Confusion, 02. I'm Coming with You, 03. Into the Coven, 04. A Wine of Wizardry, 05. The Rare Lord, 06. Return to Forever, 07. Hop Toad, 08. Children of the Future, 09. Hymn to Pan.

A écouter : Master of Confusion, Into the Coven, Children of the Future...