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Biographie

Blink-182

L’Histoire de Blink-182 ressemble à celle de l’Amérique : Jeune, impétueuse, révolutionnaire à sa manière, mais déjà encrée dans toutes les mémoires.
L’happy story commence sur un campus l’année 92, lieu symbolique qui alimentera bons nombres des lyrics et qui entendra tourner en boucle la musique du trio quelques années plus tard. C’est d’abord de la rencontre entre Tom Delonge et Mark Hoppus que va naître les ébauches du futur Blink-182, inspiré par des formations punk comme les Descendents.
Les débuts sont difficiles. Le duo se cherche, se convint d’engager un batteur (Scott Raynor), change de nom (de Duck Tape, ils passent à Blink), s’essaye à une démo (Flyswatter) qui ne convainquent ni le public ni les labels jusqu’à cette fin d’année 93 où  Kung Fu Records (Vandals, The Ataris) les embauche pour une autre démo : Buddha. Les dés sont lancés.
En 1995, c’est au tour de leur première album Cheshire Cat de voir le jour, produit par Grilled Cheese Records. C’est ce moment que choisit un groupe irlandais pour les attaquer en procès pour plagiat de nom. Blink se contente de rajouter un chiffre à son nom pour mettre fin au litige et devient Blink-182.
Pas la peine de chercher le pourquoi du comment, le trio a donné une version différente à chaque fois qu’on lui a posé la question.
L’important est ailleurs. En 96, la machine est lancée, signe avec MCA (qui deviendra ensuite Geffen Records) et enregistre dans la foulée son deuxième effort, Dude Ranch, qui fait une percée saisissante dans les ventes. Le groupe enchaîne donc une tournée qui voit survenir la défection de Scott Raynor, remplacé provisoirement par Travis Barker. Lorsque Scott décide de revenir, le duo Delonge-Hoppus ont vu à l’œuvre le prodige : hors de question qu’il parte. Le trio qui va faire la renommée de la formation est alors composé. Enema Of The State suit (1999) produisant un séisme quasi sans précédent pour un album du genre : 16 millions de ventes dans le monde (300 000 en France).
Blink-182 a changé de catégorie. Les fans de la première heure s’insurgent, mais la popularité s’accroît malgré des performances lives des plus discutables, ce qui n’empêche pas les californiens de sortir un Live en 2000 : The Mark, Tom, and Travis Show: The Enema Strikes Back. 2001 et Take Off Your Pants And Jacket viennent confirmer la tendance de l’étendue commerciale du phénomène : 8 millions d’albums vendus et une tournée organisée pour l’été 2002 en compagnie de Green Day.

Mais à toute apogée correspond également le commencement du déclin. Entre lassitudes des tournées, tensions internes, et envie d’autres projets, Blink-182 commence à battre de l’aile. 10 ans après sa création. Tom Delonge et Travis Barker fondent cette année là Box Car Racer, Barker seul est invité sur le projet Transplants. Hoppus se morfond. Mais l’histoire n’est pas encore finie. Ultime sursaut plus que véritable reprise du groupe, Blink-182 ressort du studio en 2003 avec un 5e opus, éponyme, qui tranche assez fortement avec les précédents travaux. Plus évolutif, moins teenage punk, Blink-182 est nimbé de la silhouette de The Cure ou de Bad Astronaut. Pourtant, loin de marquer un retour en grâce du projet, il signe l’arrêt définitif du groupe (officiellement en 2005), dans une atmosphère un peu houleuse et délétère. La sortie d’un Best Of par Geffen Records en fin d’année marque la fermeture du chapitre. 

La suite, on l’a connaît. Tom Delonge œuvre aujourd’hui dans Angel&Airwaves avec lequel il a enregistré deux albums. Quant à Barker, après l’arrêt de Transplants, il s’est consacré, toujours en compagnie de Skinhead Rob, au projet Expensive Tastes. Il est également associé à Mark Hoppus dans + 44, groupe le plus identifiable à feu Blink-182.

Blink-182 s’en est donc allé, laissant un héritage en foutoir, repris par le come back de Green Day et les arrivées de Sum41, Simple Plan ou New Found Glory, autant de groupes qui ont fait et feront débat en raison d’un choix de carrière tourné vers le commercial et aux antipodes du message punk qu’on peut attendre (ou non). Reste une apparition sur la BO d’American Pie, des hits inoubliables et le symbole d’un nihilisme faussement naïf, disséminé dans un vaste "j’men-foutisme" rayant toute la morale occidentale d’un seul éclat de rire. Avec fracas.

Toutefois, en 2009 un soubresaut vient perturber la force, des nouvelles fuitent et laissent entendre que Blink-182 pourrait se reformer le temps d'un concert. Les rumeurs pour une fois fondées entrainent un mouvement des fans qui se massent au show. Une chose en entrainant une autre, Neighbourhoods voit le jour en 2011 suivi d'une tournée. Enfin ... presque. Plusieurs dates sont annulées du fait de Tom Delonge qui préfère se consacrer à d'autres choses qu'à blink.

Après des règlements de compte par presse interposée, en 2015 ils arrivent tous à la conclusion que "Tom is a douchebag",traduction Tom est un abruti, et c'est ainsi que Travis et Mark se séparent de leur ennemi de longue date et embauchent Matt Skiba qui officiait précédemment dans Alkaline Trio. De cette union California, septième album studio du groupe voit le jour en 2016.

9 / 20
11 commentaires (14.09/20).
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California ( 2016 )

Après un album éponyme plein de maturité et d’émotions qui a marqué le retour d'un des plus grands groupes de Punk Rock des années 90 / début 2000 et Neighborhoods dans la même lignée d’un Punk Rock affirmément plus mature, Blink-182 s’attaque, après un changement de line-up de taille, à son septième album...

Sur le papier, Blink-182 qui vire Tom, toujours aussi immature, correspond à une certaine logique dans l’évolution des Californiens. Matt Skiba, chanteur guitariste d’Alkaline Trio est alors annoncé comme nouveau membre du groupe et sur le papier c’est très bien. On s’attend alors à un album plutôt sympa. California démarre par un bon « break-solo » batterie, la basse de Mark sonne toujours aussi bien et Matt reprend la place de Tom tel une pièce de puzzle parfaitement à sa place. Passé la première minute, on est en mesure de s’attendre à un bon album. Il n’en est rien.

Cet album, c’est exactement comme si on recroisait par hasard un flirt du lycée. Au début on est content de la revoir, on se rappelle les bons temps, quelques gestes, quelques soirées et on observe avec intérêt et envie les petits détails de son visage qui ont changé ... Puis elle commence à parler de ses gosses, de ses problèmes de boulot, reprend une troisième bière et on s’aperçoit bien vite qu’elle n’a plus rien à voir avec la personne qu’on a connu. On cherche un prétexte pour s’en aller sans la vexer et on s’aperçoit qu’elle tente de rattraper le temps perdu. C’est à ce moment qu’on se rend compte que la magie n’opère plus. California, c’est cette fille.

Après cette première minute malheureusement, rien ne brille... Des espaces vides remplis d’une succession de couplets mornes et de refrains peu énergiques. Bored To Death porte plutôt bien son nom... Kings Of The Weekend, plutôt mal (ou bien le weekend était vraiment pourri)... Sober, c’est le défi de le rester écoutant l’album... Et un No Future qui ferait bondir les Sex Pistols de rage devant l’affront fait. L’album manque très clairement d’inspiration : rien ne se dégage des chansons. On repère bien les tentatives entreprises pour faire se bouger les gens, mais ça sonne forcé. On a l’impression qu’eux même n’y croient pas. Les chansons plus mélodiques, riches en émotions, qui étaient l’autre point fort du groupe sont devenues mièvres.

Tout au long de cet album, on a la très nette sensation que Blink-182 tente de faire du Blink-182 mais n’y arrive pas. Rempli de tentatives de bis de ses succès précédents, on a une amère impression de réchauffé car certains morceaux ou riffs sont quasiment des plagiats. On entend sur San Diego un riff d’intro très proche de celui d’Adam’s Song. La tonique de Kings Of The Weekend est exactement la même qu’Always. The Only Thing That Matters est un copié-collé d'Online Songs et on pourrait continuer cet exercice de style très longtemps. Même le clip de She’s Out Of Her Mind est un détournement d’un de leur clip précédent. Oui, What’s My Age Again. Oui, avec des filles. Bon, d’accord. , le lien, ça vous évitera de chercher. On termine California par la chanson Brohemian Rhapsody et ses paroles gratuites qui font passer Enema Of The State pour un traité philosophique.

Les fans de l’ancien Blink-182 n’aimeront pas parce que c’est mou, et les fans du nouveau parce que c’est creux. On aimerait y croire mais malheureusement le manque d’originalité, de rythme et de créativité de ce septième opus n’est pas au rendez-vous. La seule bonne chose, c’est peut être encore le clip...

A écouter : ... ou pas
16.5 / 20
17 commentaires (16.59/20).
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Enema Of The State ( 1999 )

Œuvre à jamais recouverte de morve, de bave et autre matière corporelle intime, Enema Of The State fut présenté à sa sortie comme "LE cauchemar de l’Amérique". Sans le savoir, la patrie de Lincoln venait en fait d’accueillir sur son sol l’un des futurs disques les plus mythiques de l’histoire du (jeune) courant punk/pop.

Enema Of The State fait le tour du cadran en douze coups, met en place tous les fondamentaux de l’œuvre inoubliable, ne rate aucune marche et plie bagage au bout de 35 minutes 16, après avoir littéralement rendu addict l’auditeur. On ne parviendra jamais à recenser le nombre de repeats, rewing/lecture (c’était l’époque des radio K7 !) sur "Don’t Leave Me", "What’s My Age Again", "Adam’s Song", le nombre de hochements de tête envoûtées, de poings levés avec des sourires à en rendre jaloux La Joconde, et de paroles fredonnées ou yahourtées à n’en plus pouvoir.

S’appuyant sur une période prolifique en tubes radio et happé par la grande ouverture faite au punk mélo grâce aux pionniers NOFX, Bad Religion, Satanic Surfers dans le milieu des années 90, Blink-182 s’empare des ondes cette année 1999, balançant un bon son de sale gosse, destiné à devenir l’hymne des campus américain. Bâti sur une double voix, aujourd’hui culte, se donnant la réplique dans une harmonie clinquante, la partie vocale est un bijou d’efficacité, qui entre, et pénètre même les non-consentants, propulsée en arrière plan par une batterie nymphomane, redemandant sans arrêt la fessée de celui qui est à l’époque un des meilleurs batteurs du monde : Monsieur Travis Barker. Fuckin’ God !
Balançant l’auditeur sur sa monture dès son riff d’entrée fracassant ("Dumpweed"), Enema Of The State ne lui permet plus de lâcher le lasso et ce jusqu’à l’ultime seconde. Tempo-cavalcade punky, coup d’éperons au flanc, ceinturage de cordes démentiels, break cabré ("Dysentery Gary"), éclats des cymbales, giclée de basse, l’opus organise un rodéo musical, avec sensation euphorique à chaque bon ("Don’t Leave Me", "Going Away To College", "Party Song"). Montés sur pile, nus face à son auditoire, Blink semble ici n’avoir aucune panne (d’inspiration), en rajoutant sans cesse des couches (back vocal, enchevêtrement de mélodie, arpège à s’arracher les cheveux (intro de "What’s My Age Again"), conclusion orgasmique ("Anthem"), abaissant la frontière entre le punk et la pop pour dresser une érection artistique jamais entrevue auparavant.

Enema Of The State reste un cauchemar pour les puritains, les réactionnaires, les réfractaires au cul à l’air comme un art de vivre, un cauchemar pour les trves punks pour qui la musique ne doit être que revendication sociale à chien et à clous ; un cauchemar aussi pour ceux qui pensent qu’il est faux que "some girls try to hard..nanana", pour ceux qui ont arrêté les canulars téléphoniques avec l’âge, ceux qui refusent "d’y mettre les doigts", qui trouvent les branlettes avec "finish chaussette" répugnant, et qui ne veulent pas s’abaisser à cette musique d’ado.
Pour les autres, "get naked", et que la party commence. Blink-182 appartient à l’Histoire.

A écouter : en acceptant le jeu