On a souvent tendance à considérer GSR Music comme un label exclusivement dédié au hardcore. C'est oublier qu'à côté de formations telles que Ironbound NYC, The Setup, Zero Mentality, s'en trouve d'autres puisant plutôt leurs influences du côté de la Bay Area que du côté de New York. Apocalypse Now et surtout Blind Sight en font partie.

On ne s'étonnera donc pas si les néerlandais évoluent alors dans un univers relativement connu où double pédale et accords étouffés règnent en maîtres absolus. Après une intro synthé, Tenderstrike Salvation donne le ton d'un album assez varié, passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel métal. Ainsi Blind Sight nous démontre sa maîtrise des rythmiques explosives (Tenderstrike Salvation, Bad Blood), tentant de faire la nique à Slayer et Machine Head, tandis que les mid tempos My Demise et Scapegoat Utopia marchent sérieusement sur les plate-bandes de Hatebreed.

Bien qu'excellant dans le registre traditionnel, Blind Sight ne se contente pas d'appliquer aveuglément la vieille recette des Anciens, tentant d'y intégrer un peu de sang neuf par l'adjonction de nappes de synthé, pas toujours du meilleur effet, il convient de l'avouer (My Demise, Interludium). De plus, dans son envie de nous faire part de ses grandes prouesses techniques, le quatuor se complique un peu trop la tache, multipliant contretemps et variations pour un résultat assez mitigé. L'interêt de l'album aurait même tendance à s'amenuiser au fil de l'écoute, n'était la formidable prestation du chanteur Geert Kroes, à l'éventail de voix tout bonnement impressionnant, passant de la rage la plus pure à un registre plus clair proche de Maynard Keenan (Tool) en un rien de temps, pas loin de constituer l'unique interêt de ce Tenderstrike Salvation.

Bref, sentiment mitigé à l'écoute de cette première oeuvre, comportant, certes, de bonnes idées, mais faisant preuve de trop d'inconstance et, disons-le, d'originalité pour pouvoir ressortir du lot.