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Biographie

Bigflo & Oli

Bigflo&Oli est un duo de Hip-Hop français originaire de Toulouse formé par les frères Florian et Olivio Ordonnez, nés respectivement en 1993 et 1996. Initiés à la musique dès le plus jeune âge, ils se tournent rapidement vers le Rap et commencent à écrire et composer alors qu'ils sont encore enfants, se produisant sur la scène locale à partir du lycée.
C'est en 2014 qu'ils signent avec Polydor pour l'EP Le Trac, comprenant notamment le titre Monsieur Tout Le Monde dont le clip (dans lequel joue Kyan Khojandi) aide à les populariser. Le premier album La Cour Des Grands, sorti en 2015, est rapidement certifié disque d'or puis de platine. Il est suivi en 2016 d'une "réédition" exclusivement numérique reprenant l'EP ainsi que des inédits.
Le succès se confirme en 2017 avec La Vraie Vie, que ce soit en termes de ventes, de nombre de vues des clips sur Youtube (qui se chiffrent en dizaines de millions), ou encore de concerts qui affichent complet plusieurs mois à l'avance.

Chronique

15 / 20
6 commentaires (8.25/20).
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La Vraie Vie ( 2017 )

Les genres... Sans rentrer dans les sous-sous-sous-genres (si on parle de DSBM, les amateurs sauront exactement à quoi s’attendre, les autres se demanderont éventuellement si le B se situe à la bonne place), c’est bien pratique pour catégoriser ce qu’on aime ou pas. Exemple : j’aime le Metal (sans blague !). Autre exemple, qui nous amène au sujet du jour : je n’aime pas le Rap*. Mais de la même manière que je n’apprécie pas tout ce qui se fait en Metal, je ne déteste pas tout ce qui se fait en Rap. Au-delà du mélange des genres auquel il m'arrive d'accrocher (Clawfinger en tête), il advient à l’occasion qu’un artiste ou un groupe sorte du lot et vienne titiller mes oreilles de façon inattendue. Je vous le donne en mille : Bigflo&Oli. Ça commence par quelques titres piochés sur la toile et ça finit par une adoption en règle des deux albums, alors on peut se poser la question : qu’ont-ils de si spécial ? Tentative de réponse en se basant sur leur dernier-né, La Vraie Vie.

Une écoute distraite suffit déjà à repérer les éléments les plus évidents : du flow, des voix "sympathiques" (certains les trouvent trop gentils ; est-ce un mal de ne pas agresser tout le monde ?), parfois chantantes, des rythmes variés, des instrumentations bien loin des minimalistes "boum-boum" que beaucoup nous servent, de vraies mélodies… En somme, ce Rap-là n’est jamais monotone. Et pourtant, tout cela ne serait qu'un bel enrobage si les textes ne suivaient pas. Et les textes sont justement l’atout majeur des deux frangins. Tantôt directs mais pas si simples, tantôt alambiqués mais toujours accessibles, et surtout au service du propos et non de la punchline stérile.
Ce qui fait leur force, c'est leur faculté à dresser des portraits, à raconter des histoires pleines d'empathie, qu'elles se succèdent, chacune dépeinte en quelques secondes dans une même chanson (Personne, Répondez-moi, Je Suis), qu'elles fassent l'objet d'un morceau complet (le saisissant Salope!), ou quelque part entre les deux (Dommage, Trop Tard et son double-sens très réussi). Ils parlent aussi d'eux-mêmes, exposent leur conception de la vie, leurs doutes, leur fierté, leurs valeurs ou leur rapport aux gens de manière sérieuse (La Vraie Vie, Dans Mon Lit) ou plus légère (La Vie Normale). On ne manquera pas de mentionner Autre Part, où les mots de Bigflo sonnent particulièrement juste dans le registre des idées noires, tandis que ceux d'Oli se révèlent certes maladroits mais sincères et touchants.

Si les Toulousains se font plaisir le temps de trois featurings, force est de constater que, malgré le côté guest-star, la présence de Joeystarr n'apporte pas tellement à Trop Tard et que Ça Va Trop Vite aurait facilement pu se passer de l’intervention de Busta Rhymes. C'est donc finalement leur père et son groupe de Salsa sur Papa qui nous offrent l’intervention la plus pertinente.
De rares titres se démarquent également par un intérêt moindre : Alors Alors un peu trop simpliste, Olivio qui laisse globalement indifférent malgré deux-trois passages qui font mouche, et surtout Sac À Dos dédié à des amis dont on ne sait rien et qui semble ne pas concerner l’auditeur lambda. Les autres points faibles relèvent davantage du détail. Parmi eux, ces petites scènes de vie placées en conclusion de la plupart des morceaux, au mieux superflues, au pire gênantes. De même cette manie de caser leurs noms : « Bigflo, Oli, tu connais non ? » Oui je connais, merci, j'ai acheté l'album. Pratique largement répandue, d’accord, mais quand les textes ont du sens, c’est un peu dommage.

Bigflo & Oli, donc... Un premier album au succès inattendu, et maintenant un second qui confirme la donne, passé double platine en quelques mois sans pour autant céder à la facilité de nombre d’artistes populaires. Certains qualifient allégrement le duo de "renouveau du Rap français", et quand on considère la partie la plus visible de la scène, difficile de leur donner tort. Quoi qu'il en soit, ils proposent une vision différente du Rap, et rien que pour ça, qu'on aime ou pas le genre, on a tout à gagner à leur donner une chance.

*Les puristes me feront peut-être remarquer que le terme "Rap" ne désigne que le texte et le phrasé, et que si je veux parler de la scène en général ou au moins inclure la musique, le terme adéquat est "Hip-Hop". Ils auraient raison, mais en France la confusion est tellement courante que le Hip-Hop n'est bien souvent associé qu'à la scène US. Bigflo&Oli eux-mêmes parlent le plus souvent de Rap.

Note : La chronique est rédigée à partir de l'édition CD standard, pas l'édition spéciale Toulouse qui contient un titre bonus différent de Je Suis, ni l'édition Deluxe sortie quelques mois plus tard avec un deuxième disque.

A écouter : Autre Part, Salope!, Personne, Répondez-Moi, et presque tout le reste