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Biographie

Ayreon

Ayreon est le projet d'un seul homme, le multi-instrumentiste néerlandais Arjen Anthony Lucassen. Après avoir été guitariste dans les groupes Bodine puis Vengeance dans les années 1980, il se lance dans une carrière solo et sort un premier disque sous le pseudonyme Anthony. Son second album, en 1995, marque le début d'Ayreon. En effet, l'objet sort initialement sous le nom d'Arjen Lucassen et a pour titre Ayreon : The Final Experiment (Ayreon étant le nom d'un personnage). Le néerlandais gardera par la suite le nom Ayreon, et ressortira même une réédition de cet album avec ce nouveau nom.
Dès ce premier effort, Arjen Lucassen pose les codes qui vont systématiquement se retrouver dans la musique d'Ayreon tout au long de sa carrière : un album-concept entre opéra-métal et rock-progressif, avec des éléments folk, et de nombreux invités, notamment derrière le micro.
 
Actual Fantasy sort en 1996 et sera le seul album sans trame narrative d'un bout à l'autre. Chaque chanson raconte néanmoins une petite histoire fantastique individuelle.
L'album suivant, Into the Electric Castle, est le premier a être un double album. Tous les suivants le seront aussi. Arjen Lucassen renoue avec le concept-album et n'en déviera plus, et propose cette fois-ci une quête épique menée par huit vocalistes, qui interprètent les huit personnages principaux.
 
En 2000, sort le double album Universal Migrator, séparé d'abord en deux disques vendus séparément, puis réédités en double-album en 2004. Les styles principaux qui illustrent la musique d'Ayreon y sont séparés : le premier disque (The Dream Sequencer) est plus aérien et orienté Rock-Progressif, quand le second (Flight Of The Migrator) est bien plus Heavy.
Les invités se font de plus en plus prestigieux au fil des sorties, et ce quatrième album propose entre autres des interventions de Bruce Dickinson (Iron Maiden), Floor Jansen (ex After Forever, Nightwish), Timo Kotipelto (Stratovarius), Fabio Lione (Rhapsody), Gary Wehrkamp (Shadow Gallery)...
La même année, sort Ayreonauts Only, un album produit pour les fans, qui contient des démos et des versions alternatives de titres déjà sortis.
 
L'album-clé de la carrière d'Ayreon voit le jour en 2004. Alors que Arjen Lucassen se charge comme d'habitude des guitares, de la basse, et des claviers, ce sont neuf musiciens et onze chanteurs qui viennent compléter le casting de The Human Equation, dont Devin Townsend, James LaBrie (Dream Theater), ou encore Mikael Akerfeldt (Opeth) au chant. Toujours axé vers un son mariant le Metal Progressif épique avec des influences Folk, le fond évolue en revanche vers un scénario plus ancré dans le réel. Convaincu par la prestation de Marcela Bovio sur cet album, Lucassen créé Stream Of Passion pour prolonger sa collaboration avec elle.
 
01011001 est porté par les participations d'Hansi Kursch (Blind Guardian), Jonas Renske (Katatonia), Anneke van Giersbergen (ex-The GatheringAgua De Annique), Steve Lee (Gotthard), et bien d'autres pour un total de onze vocalistes. L'album donne une vision originale des origines de l'humanité, tout en réussissant à connecter tous albums-concepts précédents, ce qui marque une sorte d'aboutissement pour Ayreon. S'en suit la publication d'un best-of intitulé Timeline, s'étalant sur 3 disques.
 
Lucassen décide alors de mettre Ayreon en pause. Le néerlandais étant impliqué avec d'autres projets, il reste actif de 2008 à 2012 avec un album de Guilt Machine (Rock Progressif), un de Star One (Heavy Metal Progressif et spatial), et un album solo.
Ayreon revient en 2013 avec un nouvel album, The Theory Of Everything, qui comme The Human Equation, propose un thème plus éloigné de la SF pour s'intéresser à l'esprit humain. The Source (2017) renoue avec les thématiques fantastiques.

16 / 20
6 commentaires (14.33/20).
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The Source ( 2017 )

Chacun des disques d'Arjen A. Lucassen, quel que soit le projet concerné, a toujours l'air de s'annoncer comme le best-of d'un supergroupe. Et puisqu'il faudra bien y passer de toutes façons, commençons directement par le name-dropping qu'un tel objet engendre nécessairement. Un opéra Rock/Metal progressif avec James LaBrie (Dream Theater), Tommy Rodgers (BTBAM), Zaher Zorgati (Myrath), Nils K. Rue (Pagan's Mind), Simone Simons (Epica), Hansi Kürch (Blind Guardian), Russel Allen (Symphony X), Tobias Sammet (Edguy), Floor Jansen (Nightwish), Tommy Karevic (Kamelot), ou encore Mickael Eriksen (Circus Maximus), ça vous branche ? Bien sûr,
d'autant plus que comme toujours, plus qu'un simple argument marketing, la pléthore d'invités est justifiée par les multiples personnages de l'histoire racontée, chaque vocaliste y incarnant un rôle. Le scénario, d'ailleurs, s'auto-justifie lui aussi, prenant place dans la grande frèsque dépeinte par la quasi-totalité des albums d'Ayreon comme une sorte de préquel, décrivant la génese de la race alien appelés les Forevers. Les pièces du puzzle s'assemblent toutes, la cohérence est totale et ravira tout bon fan de concept-albums recherchés. Il ne reste plus qu'à l'écouter !
 
En 2008, 01011001 apportait une conclusion très sombre au cycle évoqué (si l'on excepte la piste Epilogue inédite du best-of Timeline en 2009, qui finissait d'éclairer les zones d'ombres du devenir des Forevers), et Arjen A. Lucassen avait traité cet album avec un aspect mélodique plus noir. Pour le prélude que représente The Source, on retrouve une certaine obscurité dans la mise en scène des titres. Certains figurent sans problème parmis les plus heavy de la discographie d'Ayreon (Everybody Dies, par exemple, avec ses rythmiques lourdes et les growls de Tommy Rodgers), rappelant sans mal la puissance de Star One, autre groupe formé par Lucassen. L'impression est
renforcée grâce à la présence de Russel Allen et de Floor Jansen, tous deux membres de Star One (le massif couplet de Star Of Sirrah chanté par l'Américain notamment). Mais ne nous y laissons pas tromper, la patte typique des productions d'Ayreon malgré tout bien présente : passages plutôt folk, synthés rétro un peu kitsch, instruments à cordes ou à vent, et tout le tremblement (All That Was, Bay Of Dreams par exemple).
 
Ces ambiances multiples s’emboîtent parfaitement, formant une fresque dynamique et vivante. Bien entendu, les tessitures des différents invités aident grandement à s'immerger dans les multiples facettes du disque, qui s'articulent toutes entre elles sans mal. Mais le talent des chanteurs ne suffit pas, malgré le fait qu'ils soient clairement tous au somment de la chaine alimentaire des vocalistes de Power, de Progressif, ou de Metal Symphonique. En effet, un autre élément est à prendre en compte : l'incroyable capacité de Arjen A. Lucassen a jongler entre une mise en scène ambitieuse et des repères faciles à cerner. Ces balises sont faciles à reconnaitre
: le chanteur de Between The Buried And Me chante sur des parties progressives au clavier étrange (The Day That The World Breaks Down) ; Zaher Zorgati officie dans la très orientale Deathcry Of A Race, épaulée par les voix lyriques des deux chanteuses du line-up ; les interventions de Tobias Sammet sont à la démesure de sa personnalité grandiloquante (et de celle de son personnage, "The Captain"), notamment dans The Day That The World Breaks Down où il est souligné par ses propres choeurs dans les aigüs ; la fin de March Of The Machines a un côté industriel qui rappelle les ambiances de 01011001... Les zones de conforts de chacun sont respectées, permettant une
écoute sereine, pleine de repères, permettant de retrouver son chemin dans une oeuvre aussi complète. Mais The Source perdrait une part de son intérêt si l'homme aux commandes ne tentait pas aussi, comme on le disait, quelques manoeuvres audacieuses. Par exemple, on notera que James LaBrie chante bien plus grave que ce dont on a l'habitude ; ou que des influences Queenèsques ont été intégrées dans certains chœurs (Aquatic Race, The Day That The World Breaks Down...) ; que les titres sont très largement plus courts que d'habitude (en dehors du titre d'ouverture de 12 minutes), ce qui rend l'album dynamique et puissant. On parlait de zones de confort,
justement, le Néerlandais s'amuse aussi à en faire sortir certains de ses acteurs, occasionnellement. Ainsi, dans The Dream Disolve, on trouve par exemple un solo de clavier par Mark Kelly tout à fait hors des habitudes du musicien dans son projet principal, à savoir la légende du Rock Prog Marillion.
 
Le père Lucassen signe ainsi un retour triomphal d'Ayreon, après un The Theory Of Everything en demi-teinte. Tous les éléments propres à un album du projet sont reconnaissables, et quelques nouveautés viennent renouveler l'intérêt global. Sans compter un scénario prenant, un casting de haut-vol, et une production impeccable, The Source ne laisse rien au hasard. Un album marquant à plus d'un titre, du niveau des plus belles sorties d'Ayreon (Universal Migrator ou The Human Equation par exemple). A écouter impérativement !

A écouter : Everybody Dies, The Day That The World Breaks Down
15.5 / 20
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The Human Equation ( 2004 )

Avant chaque sortie d’Ayreon, c’est le même processus : Arjen A. Lucassen tease ses nombreux invités, et avant même de pouvoir écouter le moindre extrait, on a l’eau à la bouche. A quoi peut bien ressembler un disque qui réunit James LaBrie (Dream Theater), Mikael Akerfeldt (Opeth), Devin Townsend, Mike Baker (Shadow Gallery), Marcela Bovio (Stream Of Passion), j’en passe et des meilleurs…?
Dans cet opus, il est comme d’habitude question d’un concept-album, et chacun des onze (!) vocalistes joue un rôle particulier. L'intrigue concerne un homme, "Me" (incarné par James Labrie), dans le coma suite à un accident de voiture. Tous ses sentiments ("Fear", "Reason", "Love", "Rage"... chacun interprété par un(e) chanteur(euse)) se crêpent gentiment le chignon pour savoir s'il va mourir ou se réveiller. L'écoute commence à peine, et la galette marque déjà des points grâce à des guests très intéressants et une histoire aboutie qui justifie parfaitement ces collaborations.

Très vite, ces éléments immergent l'auditeur dans un scénario complexe mais raffiné. Les voix sont différentes les unes des autres, et aident à suivre l'évolution de la situation. Le livret est très clair et précise quel chanteur/sentiment chante chaque partie. A la première écoute, on se surprend à se focaliser principalement sur les paroles, surtout vers la conclusion du disque, pour connaître le destin de "Me".

Côté instrumentation, Arjen Lucassen est au sommet de son art, et distille un mélange très bien dosé entre métal progressif et rock à tendance folk (ce passage de fou dans Pain où le refrain hurlé par Devin "Rage" Townsend s'enchaîne sans transition sur un pont mené par de la flûte et une guitare sèche !). Comme dans chaque disque d'Ayreon depuis 1998, on retrouve Ed Warby à la batterie (Gorefest et Hail Of Bullets), qui apporte la pêche nécessaire aux parties les plus heavy.  Arjen Lucassen s'occupe lui du reste des instruments et d'un rôle chanté, et réussit à faire cohabiter les ambiances sombres (Trauma, Betrayal) et les moments d'apaisement (Hope, Memories, Love). Les guitares sont ultra bien pensées, sans trop faire dans le technique : les riffs sont tous très bien trouvés (Pain, le pont au milieu de Mystery), autant que les grosses rythmiques lourdes (le refrain d’Isolation, la fin de Voices). Quant aux parties plus aérées, guitare folk, instruments à cordes, et flûte sont au rendez-vous, pour des résultats vraiment plaisants et frais.

On ne pourra pas s'empêcher de noter quelques longueurs (les premiers deux tiers de Childhood, le riff gnan-gnan de Hope). Il est aussi dommage que le grunt de Mikael "Fear" Akerfeldt soit si peu utilisé, idem dans une moindre mesure pour les screams de Devin “Rage” Townsend. Rendre l’album un poil plus rentre-dedans grâce à ces personnages aurait pu être intéressant.
Mais le plus gros défaut de The Human Equation réside dans son final, le titre Confrontation, où tout se joue, tout se dénoue. Petit à petit, le morceau devient un climax de l'album, une vraie montée en puissance, où chaque personnage place son dernier mot, le tout souligné par un rythme de plus en plus heavy... Et tout s'arrête. Brutalement. Au milieu d'un mot, en plein contretemps, quasiment. Cette fin au tranchoir est suivie par une sorte de seconde conclusion, franchement pas à la hauteur de ce que mérite le disque. Dommage, pour un album aussi abouti. Mais ces dernières secondes ne peuvent pas enlever grand chose aux 1h42 de richesse musicale et d’alchimie idéale entre metal-opéra et folk à tendance progressive, et on retiendra surtout un album solide, recherché, et accessible.

A écouter : Isolation, Pain, Voices, Love, Confrontation