Biographie

Atooishinjuu

Atooishinjuu est un projet intrigant: pas de lineup connu et une confidentialité extrême pour cette entité étrange venue des Etats Unis. Sa paternité est attribuée à Kris Angylus, tête pensante suicidée de The Angelic Process, groupe avec lequel elle partage énormément d'éléments musicaux, visuels et chronologiques ainsi qu'une inspiration générale tout à fait semblable. L'aventure Atooishinjuu a abouti à la réalisation d'un EP et un album finalement complétés par un second disque composé des innombrables chutes de The Death Imprint.

Chronique

15.5 / 20
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The Death Imprint ( 2006 )

«Atooishinjuu»... Comme indiqué sur une des rares traces laissées par ce projet mystérieux sur le net, ce terme désigne, en japonais, le suicide immédiat suivant le décès du conjoint ou de l’être aimé. Le cadre, morbide, est posé. The Death Imprint, n’est en effet qu’une plongée au cœur de l’univers étrange de Kris Angylus, tête tranchée de l'hydre bicéphale The Angelic Process. Ce disque est une plaie. Ce disque n’est pas fait pour être apprécié ni même, peut être, compris. Il n'est qu'une conséquence et ne semble pas avoir été pensé en termes d'audibilité.

Conséquence car Kris Angylus fut un être « autre » et que son oeuvre était tout: de The Angelic Process à ses travaux graphiques en passant par Violence Paints the Sky. Y jeter ne serait-ce qu’un œil ou une oreille revenait et revient toujours à ouvrir une boite de pandore. Ces réalisations totalement indissociables du destin trouble de son auteur regorgent d’une noirceur et d'un mal être dérangeants car beaucoup trop sincères. Parmi celles-ci The Death Imprint atteint des profondeurs vertigineuses dans la mise à nu de l’artiste. Quelque peu tempérée par la présence salvatrice de sa compagne au cours de l’aventure The Angelic Process, celle-ci se retrouve privée de garde-fou sur ce projet initié en solo et totalement jusqu’au-boutiste.
Deux années de travail pour ce résultat donc… et du désespoir à n’en plus finir au point de rendre nécessaire l'existence de Closure Is Just A Word. Deux ans pour aboutir à ce monolithe abrupt, hermétique et quasi anonyme. 15G dans la face dès le Bruiser d'ouverture et un son qui dégueule litéralement des enceintes: avec The Death Imprint, Kris déballe sans la moindre pudeur ses entrailles à la vue de tous, détruit ses influences et joue la bande son d'un véritable cauchemar éveillé dont on ne sait plus très bien s'il s'y projette ou s'il le vit. Atooishinjuu est The Angelic Process en plus brutal, plus frontal, plus possédé, plus désespéré. Une entité à la production sonore intense, possédée, schizophrène et donc forcément inégale. Mais là est aussi le but. The Death Imprint n’a pas vocation à être parfait et ne peut pas l’être.
Le mur sonore ici bâti deux années durant est un ouvrage monumental, épais, impénétrable mais changeant, intenable même pour ne pas dire imprévisible. Il laisse souvent une impression d’inachevé sur de nombreux titres courts, hachés, malmenés. Atooishinjuu est au coeur de la tempête. Encore une fois les repères disparaissent, estompés par un collage sonore bruitiste au service d'une musique sur la brèche. La basse n’est souvent plus ici qu’un mugissement monstrueux, le chant oscille entre un Maynard James Keenan (Tool) au bord de la rupture et les plaintes désespérées de The Angelic Process privé de son voile Shoegaze. Tool passe au hachoir Tribal/Indus d'un Godflesh en pleine crise de claustrophobie. Un véritable carnage. Il y a de quoi s’y perdre. The Death Imprint s’érige comme une barrière entre un artiste malade, torturé et la réalité. Dieu sait de quel coté de celle-ci il se positionne et on distingue mal si l’énergie terrifiante déployée sur ce disque est celle qu’il emploie à s’attaquer en vain à ce mur infranchissable ou si elle ne fait que traduire l'amplification de son isolement.
Au bout de trois quarts d'heure les flammes qui dévoraient Atooishinjuu retombent brutalement après une dernière poussée, comme asphyxiées, irrémédiablement privées d'oxygène du fait de leur propre existence. Tout s'arrête. Restent alors (toujours) la solitude, la détresse... et la dévastation: la notre, la votre, la sienne. Tous ensemble et tous perdus au milieu de nulle part. Ce disque est destructeur. Il n'est pas fait pour être aimé.

A écouter : Alive together, Hurting and shoving... l'album dans son ensemble.
Atooishinjuu

Style : Indus / Noise / Metal
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