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Biographie

Arcturus

1987, à Oslo, en Norvège, Steinar "Sverd" Johnsen, Jan Axel "Hellhammer" Blomberg (MayhemThorns, Dimmu Borgir et tant d'autres) et Marius Vold (Thorns) créaient Mortem, groupe de death et enregistrent une demo sur un obscur label français, Putrefaction Records. Ce n'est qu'en 1990 que les trois compères décident de changer de patronyme en même temps que d'orientation musicale, pour devenir Arcturus, groupe de Black Metal parmi les plus créatifs de la scène. C'est à cette époque que paraît My Angel, leur premier EP. Marius quitte le groupe peu après et en 1993 arrivent au sein du groupe le chanteur de Ulver  Kristoffer "Garm" Rygg et le guitariste Thomas "Samoth" Haugen. Avec ce line-up, le groupe enregistre un second EP, Constellation, publié sur la label Nocturnal Art de Samoth cette même année, toujours dans une veine atmosphérique. Le guitariste, rattrappé par des soucis avec la justice norvégienne (incendies d'églises) , puis très pris par ses projets parallèles, en particulier Emperor, quitte le groupe en 1994.

Le premier album du groupe sort en 1996, il s'agit de Aspera Hiems Symfonia, qui regroupe 4 nouvelles compositions et les 4 titres de Constellation. Le guitariste et le bassiste de Ulver, à savoir Knut Magne Valle et Hugh "Skoll" Mingay les rejoignent par la suite. En 1997, le fabuleux La Masquerade Infernale enfonce le clou. Pour l'occasion, le groupe fait appel à un quatuor à cordes, soigne des ambiances théâtrales, fait référence à la littérature, utilise aussi le piano pour créer une ambiance magique rarement entendue sur un disque de black metal. Arcturus s'impose comme un groupe réellement novateur et respecté ce que vient confirmer Disguised Masters, recueils de remixes, expérimental et assez étrange en 1999. Le groupe tourne et récolte les fruits du succès avec une popularité grandissante. Mais il continue de s'entourer de mystère et de rumeurs de split, et c'est avec soulagement qu'on apprend la sortie de The Sham Mirrors en 2002, excellent musicalement quoiqu'un peu plus moderne, sorti sur leur propre label Ad Astra. Garm quitte malheureusement le groupe en 2003, pour mieux se consacrer à Ulver, provoquant une certaine inquiétude.

Oyvind Haegeland (Spiral Architect) le remplace pour des concerts très réussis ou le sens de la mise en scène de Arcturus fait merveille, mais à son tour il abandonne le micro. C'est finalement Simen "ICS Vortex" Hestnaes (Borknagar, ex-Dimmu Borgir) qui assure les voix sur Sideshow Symphonies, nouvel album en 2005, que bien des fans jugent décevant comparé aux productions du groupe jusqu'alors, même s'il reste dans le haut du panier des sorties actuelles. Le groupe entreprend un tour européen et réalise un DVD lors du Solstice Sonic Festival, nommé Shipwrecked in Oslo, puis vient la séparation pour Arcturus en 2007. Après plusieurs rumeurs de reformation au début des années 2010 la Norvégiens reviennent enfin courant 2012 avec notamment une prestation au Hellfest, puis à Londres fin 2013. Il faudra attendre 2015 pour un nouvel opus, le bien nommé : Arcturian. Le combo compte toujours dans ces rangs Jan Axel "Hellhammer" Blomberg et Simen "ICS Vortex" Hestnæs. 

Chronique

16 / 20
5 commentaires (15.2/20).
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Arcturian ( 2015 )

10 ans c’est long. Pause nécessaire pour des artistes qui ont besoin de se recentrer sur leurs vies, manque d’inspiration, projets annexes … les raisons peuvent être aussi nombreuses qu’inutiles : les faits sont là : Arcturus est de retour. Groupe avant gardiste, poussant avec une obstination talentueuse son concept de mélanger codes et genres avec un mépris prononcé pour les constructions linéaires et sans surprises, nous avons à faire à des musiciens d’une créativité rare. Arcturian détient donc les clés qui vont nous permettre de nous rouvrir les portes de cet univers qui leur est propre ou de les enfermer directement dans la prison surpeuplée des groupes qui n’auraient jamais dû revenir.

Dès les premières secondes tout y est … cet effet à la fois grandiose et maîtrisé, cet entrelacement délicat de lignes mélodiques de couleur et d’origines différentes qui tissent une fresque immense. Loin de la complexité indigeste à laquelle on pourrait s’attendre, tout s’enchaîne comme les pages d’un livre passionnant. Les effets symphoniques s’allient avec brio aux blasts Black Metal, les mélodies de guitares suivent avec brio l’ambiance posée par les synthétiseurs volatiles, le chant schizophrénique dessine les contours avec précision de ce qui sera la forme que prendra chaque morceau. 

Car oui, chaque création est unique, gardant une cohérence assez inattendue malgré les compositions folles, la diversité n’empêche en rien de retrouver un fil d’Ariane qui nous permettra de nous retrouver dans l'enchevêtrement d’idées toutes plus folles les unes que les autres qui foisonnent dans Arcturian. Ce n’est pas parce que Game Over a commencé par une introduction au piano qui au fur et à mesure de transformations et d’effets est devenue une montée en puissance perpétuelle de 6 minutes que nous devrons nous formaliser de retrouver un beat électro et un violon pour Demon car plus qu’une recherche musicale de grande qualité, c’est une ambiance que développe Arcturus. C’est une patte reconnaissable entre mille, une folie maîtrisée, un feeling commun.

A la base, Arcturus est une étoile semblable au soleil en 20 fois plus gros. Depuis que l’astrologie existe, elle fait partie d’un groupe d’étoiles considérées comme magiques. C’est donc sans surprise que le voyage se fait dans l’espace, parfois en pleine contemplation comme dans The Journey, parfois en pleine bataille intergalactique avec Angst. La post production et ses effets viendront apposer les dernières touches, les petits détails qui feront toute la différence dans les oreilles. L’équilibre est parfait, permettant de nombreuses écoutes. Prenant son temps sans tomber dans la mollesse, accélérant sans se précipiter on peut sentir l’expérience de musiciens qui, depuis 20 ans (aouch !) pondent des œuvres toutes plus folles les unes que les autres.

Arcturus ne se révolutionne pas, il évolue. Il apporte des modifications au vaisseau qui nous portera une fois encore près de l’étoile rouge et de ses vertues. Théâtre de mille aventures, de batailles incroyables, de contemplations béates, de rencontres inattendues … Arcturian ne s’oublie pas, il se savoure doucement comme une histoire pleine de rebondissements, il murmure à l’oreille des possibles que nous n’avions pas vus, des ombres qui vacillent à la limite de la perception. Ah, comme tu nous avais manqué, vaisseau indomptable...

A écouter : Souvent