En 2001, Aphex Twin n’en est plus à son coup d’essai. Drukqs, son dernier album en date, souvent considéré comme son chef d’œuvre, démontre et synthétise le talent de l’anglais. Double album, Drukqs s’étale sur deux disques pour plus d’une heure et demie de musique.
Une nappe ambient qui frôle le sublime, salie par des beats (souvent) décharnés d’une violence (parfois) extrême, purement jouissive. Ou comment parvenir à torturer celui qui écoute, à l’abandonner à mi-chemin entre deux pôles. Drukqs émerveille et effraye, et il calme et il épuise. C’est l’aboutissement de la maîtrise d’Aphex Twin dans l'art de semer le trouble. Tout est sous contrôle, au comble de l’épuisement suit la relâche, sur des morceaux où le piano, seul, apaise pour mieux écraser l’auditeur quelques secondes plus tard, dans une nouvelle tempête d’une musique arythmique et violente au spectre émotionnel pourtant si riche. Même les morceaux purement ambient et léthargiques ne font qu’augmenter la tension (Gwely Mernans).
Rien dans Drukqs ne laissera de répit. Ou peut-être qui si, en apparence, par des morceaux plus légers (Bbhydhyonchord), par les mélodies doucement mélancoliques qui prennent parfois le dessus. Au final on ne peut qu’assister impuissant à la décadence d’un monde apaisant et feutré qui devient ni plus ni moins que la vitrine - élégante - de l’esprit maladif de son géniteur. Et cet aspect le plus intimiste de Drukqs aura plu à Sofia Coppola puisque deux morceaux de cet album (Jynweythek Ylow et Avril 14th) font leur apparition dans la bande originale de son film Marie-Antoinette. Parler d’orchestration ne serait pas exagéré, Aphex Twin touche grandiose dans des pièces aux allures de musique contemporaine. Sur le deuxième disque où cet aspect est peut-être encore plus présent, l’acoustique diffère d’un morceau à l’autre, on pense parfois à des instruments plus « conventionnels ».
On pourrait parler longtemps de ce disque. En fait il se passe de commentaires, si l’envie vous en vient de l’écouter, le pari est réussi. Parce que Drukqs est un monument, un point c’est tout. Silence sur le reste.
A écouter : Tout