Biographie

Alix Perez

DJ et producteur d'origine belge aujourd'hui relocalisé à la mecque de la Drum & Bass (Londres), Alix Perez est un artiste aussi prolifique (d'innombrables singles 12" et apparitions sur des compilations à son actif) que discret et talentueux. Surveillé de près par les amateurs du genre, ses productions Liquid Funk au style très british se font petit à petit remarquer depuis quelques années. C'est pourtant dans un style moins précis et plus élaboré que l'artiste risque aujourd'hui de s'imposer suite à la sortie fin 2009 de son premier album: 1984.

Chronique

16.5 / 20
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1984 ( 2009 )

Alix Perez, même pas 25 printemps, près de dix ans d'activité musicale, auteur de productions et de collaborations de plus en plus remarquées depuis six a tout pour écœurer son monde. Pourtant, le moins que l'on puisse dire est qu'il a inversement pris son temps pour accoucher d'un premier album. Un disque qui ne déboule dans les bacs "que" fin 2009 mais qui a ses raisons. 1984 ou comment atomiser les attentes soulevées en un peu plus d'une heure et quart.

1984 n'est pas l'album de Drum & Bass typique, ni la collection de titres immédiats que l'on aurait pu attendre venant d'un jeune belge qui s'était surtout fait remarquer jusqu'alors pour ses productions Liquid Funk léchées. Tant mieux peut être. D'entrée de jeu, 1984 annonce quelle sera sa teneur sur un titre éponyme Downtempo aussi sublime que, finalement, peu représentatif du style général de cette première offrande. Tout juste y discernera-t-on une ambiance qui se dessine bien plus qu'une direction musicale à proprement parler. C'est ce qu'il faut en retenir. Alix Perez vient d'allumer la première mèche. Quatorze vont suivre mais la déflagration finale ne pointera jamais le bout de son nez. 1984 se joue sur des terrains bien plus souterrains, à l'abri des regards, remue en profondeur et agit par petites touches bien senties plutôt qu'il ne sort la grosse artillerie.

Le résultat est une musique moderne, homogène, jamais agressive mais sur la brèche, dense et urbaine. Un disque délicat et puissant, sans véritable moment de répit mais sans à-coups, hypnotique, à la progression lente quasi imperturbable. Alix Perez produit de la Drum & Bass qui n'en est pas tant que ça. Ou plutôt ne fait pas que ça. 1984 est un patchwork sonore globalement lourd et sombre, parfois mélancolique (Portraits of the Unknown), enjoué (Forsaken, plus typique), groovy (Intersections) ou tendu, sourd, offrant plongées en apnée assourdissantes (Voices, State 808) comme moments d'éclaircie (1984, Contradictions) pendant quelques 78 minutes partagées entre morceaux de bravoure solitaires et collaborations hybrides.
Un ou deux featurings paraitront d’ailleurs peut être un temps comme des passages plus dispensables au sein de l'album tant le jeune néo londonien parvient à lui seul installer une atmosphère générale qu'il s'en va ensuite décliner à travers des variations stylistiques et des ajustements d'ambiances. C'est pourtant cette ouverture apportée par des vocalistes variés officiant des styles divers qui fait aussi une des grandes forces de 1984. Album à large spectre, il immortalise les rencontres de la Drum & bass et de ses voisins Hip Hop, Dubstep, electro minimale ou encore IDM dans un ballet aventureux mais totalement maitrisé, offrant un grand nombre d'accroches et de purs moments de plaisir électronique, comme autant d'invitations à se laisser conquérir par ce disque hybride. Alix Perez créé librement des motifs sonores dont la finesse n'a d'égal que leur capacité à invariablement l'emporter sur l'indécision qui ne manque pas de poindre lors des premières écoutes. Loin d'être un bête album destiné à enflammer le dancefloor quelques mois durant, 1984 est une œuvre qui prend autant son temps qu'elle requiert l'attention de son auditeur. Un disque un brin érudit - toutes proportions gardées - dans son genre qui a de quoi perturber un peu qui serait venu y chercher une décharge de beats.

1984 ne se dévoile que progressivement, n'en récompense que mieux celui qui lui aura laissé sa chance et pourrait se résumer ainsi: une sortie enthousiasmante, passionnante car subtile, équilibrée, pleine de personnalité et véritable condensé d'influences entre lesquelles la navigation n'est généralement pas des plus aisées et encore moins souvent des plus heureuses, pensé sur la durée et pour durer. Et qui atteint son but avec une classe certaine, aidée par une production aux petits oignons. Intelligent Drum and Bass? Way to go.

A écouter : Indubitablement, m�me si c'est un mot compliqu� � prononcer.