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Biographie
C’est à Seattle, qu’Alice in chains se forme, avec Layne Staley (chant), Jerry Cantrell (guitare), Mike Starr (basse) et Sean Kinney (batterie). En 1990 sort We Die Young, puis leur premier album Facelift. En 1991, ils sortent un album acoustique Sap, et participeront à la BO de Singles avec Would qui figurera dans le prochain album Dirt. Par la suite Mike Starr est remplacé par Mike Inez. Black Gives Way to Blue ( 2009 )Quand on parle de grunge, il y a deux écoles : les puristes qui pensent que ce mouvement américain (car c'était bien un mouvement contestataire à l'origine) est mort et enterré avec sa figure emblématique en avril 1994, et les autres, qui continuent à considérer des groupes comme Pearl Jam, Alice In Chains et Soundgarden pour ne citer que les plus connus, comme les dignes représentants "post mort de Kurt Cobain" de ce genre musical qui connut son apogée dans les années 90. Appelons cela grunge, rock alternatif, tout ce que vous voulez, rares sont les albums et les groupes pouvant se targuer de suivre, au moins musicalement, ce qu'il se faisait de mieux en la matière dans les années 90. La raison est simple : tous ces groupes (ou presque) ont cessé leurs activités, été évincés du devant de la scène ou oubliés du public : entre le split de Soundgarden en 1997, la mort de Layne Staley en 2002, le manque d'inspiration de Mudhonney fin 90's ou encore les Screaming trees qui se sont séparés en 2000, il s'en faut de peu pour que les gens de la première école n'aient raison. Seul Pearl Jam a réussi avec brio à passer le cap des années 2000. Dix ans plus tard, alors qu'on ne les attendait plus, Soudgarden, Alice in Chains et Hole(lol ?) reviennent sur le devant de la scène. Le retour du grunge ? On ressort nos chemises à carreaux et nos coupes crasseuses ? Sans aller jusque là, attardons nous sur Black gives way to Blue, dernier album en date d'Alice in Chains depuis la mort de leur chanteur exceptionnel Layne Staley. Non franchement, jamais je n'aurais cru qu'ils reviendraient, avec la mort (par overdose d'héroïne) du chanteur, une page semblait avoir été tournée, nous perdions là une figure emblématique de la musique rock alternative des années 90 et une voix magnifique, ainsi qu'un des meilleurs groupes de son temps. Et on les comprend, revenir sans Layne, voilà une décision certainement difficile à prendre, comment peut on décemment remplacer un chanteur aussi brillant... Hé bien voilà une question qu'il ne faudra désormais plus se poser. Je vous rassure ils n'ont pas trouvé un sosie ou réussi à synthétiser sa voix, ils ont simplement fait du Alice in Chains, sans se prendre la tête, sans fioritures, à l'ancienne j'ai presque envie de dire. Oui, Alice in Chains sans Staley n'est plus tout à fait Alice in Chains, oui c'est bel et bien un come back, et non ils n'ont pas vendu leur âme au démon marketing. Black gives way to blue est un vrai album d'Alice in Chains, tout y est : ambiance malsaine, atmosphère pesante, ballades acoustiques sirupeuses, riffs puissants et mélodies aériennes, on retrouve dès les premières notes les caractéristiques sonores de la formation de Seattle, un son puissant, glauque et étouffant, qui déjà à l'époque leur a permis d'être rangés dans la catégorie "grunge mais pas tout à fait" : grunge parce que c'était la mode, mais surtout heavy metal / hard rock parce que leur son était bien loin des cacophonies plaintives (mais jouissantes) d'un groupe comme Nirvana. Cette note heavy faisait toute la différence, et on la sent bien dès les premières secondes de All secrets known, le premier titre de l'album.Et quelle introduction, Cantrell (le guitariste) qui signe ici toutes les compositions fait passer le message à merveille : Un petit point sur le thème abordé, évidemment vu ce qui leur est arrivé, les circonstances tragiques du décès de Layne Staley, la mort est omniprésente tout au long de l'album, et le moins que l'on puisse dire c'est que sur le plan émotionnel, tout est là pour vous faire vibrer : que ce soit les paroles vraiment touchantes, ou la musique qui oscille entre ambiance malsaine et mélancolie étouffante, c'est une réussite émotionnelle incontestable, et tous les fans de la première heure s'en rendront compte... Alice in Chains est de retour, c'était inattendu, mais une chose est sûre, c'est un come back des plus réussis, il fallait des couilles pour sortir un album après la mort de Staley, et incontestablement le pari est réussi. Peu importe l'étiquette, grunge, rock, rock alternatif, heavy, il faudra désormais compter sur eux. Un des meilleurs albums du genre depuis plus d'une décennie ! A écouter : Tout, à volonté.Alice In Chains ( 1995 )Etrange. Tel est le premier mot qui vient à l’esprit lorsqu’on se trouve avec cette oeuvre entre les mains. Un chien dépourvu d’une de ses pattes nous regarde d’un air abattu, alors qu’un drôle de joueur de ukulele muni d’autant de pattes que l’animal (!!) arbore lui un sourire radieux. Etrange, en effet. La musique n’est pas en reste à ce niveau, puisque l’on a affaire à l’album le plus décalé d’Alice In Chains. Il débute in medias res, comme le veut apparemment la tradition (cf We Die Young sur Facelift et Them Bones sur Dirt), mais au lieu d’un riff grunge ravageur, c’est un riff malsain et dérangeant qui s’insinue vicieusement jusque dans nos oreilles. Justement à propos de grunge, ce dernier est mort et enterré depuis bien longtemps ; nous sommes en 1995 et le groupe s’est ici considérablement marginalisé en empruntant bien plus au métal ou au stoner, comme en témoignent des titres comme Brush Away ou Sludge Factory perles sabbathiennes soutenues par le chant d’outre-tombe de Layne Staley et les ululements effrayants de Jerry Cantrell, qui une fois de plus s’expriment sur les drogues et le mal de vivre comme jamais auparavant. Ceci s’explique par le fait que Staley est de plus en plus dépendant, que le groupe n’a pas fait de concert en 3 ans et cela se ressent jusque dans l’artwork utilisé pour l’album, constitué de gravures bizarroïdes et obscures pour la plupart issues du Dictionnaire Infernal (encyclopédie du XIXème siècle traitant de démonologie et autres sciences occultes). Le témoignage le plus poignant de cette condition est Head Creeps, le seul titre de cet éponyme entièrement écrit et composé par Staley, morceau qui respire le mal-être et la souffrance, mené par une rythmique lourde et des vocaux hallucinés. On pourrait tout également s’attarder sur chacune des chansons de cet album tant elles sont empreintes de tourment et admirablement composées, de la balade dépouillée qu’est Heaven Beside You à l’énergique So Close, en passant par le saccadé et désespéré God Am ou par le psychédélique Nothin’ Song (où le beurre de cacahouète attaque le cerveau…). Mais la plus belle partie de l’album est à réserver aux deux chefs-d’œuvres qui la concluent. Le premier d’entre eux est le fantastique Frogs, morceau poisseux, fangeux au possible, d’une noirceur absolue évoquée par les arpèges de génie de Jerry Cantrell et de Mike Inez ainsi que la batterie de Sean Kinney, ici toute en subtilité ; le morceau se termine d’une manière déroutante : en effet, les dernières minutes semblent avoir été enregistrées pendant un bad trip de Layne qui prend véritablement aux tripes. Pour terminer cet incroyable album, une ode mortuaire résonne dans l’intro d’Over Now, poursuivie par une chanson émouvante, où la guitare de Jerry Cantrell gémit, comme une triste prémonition pour l’avenir du groupe… Dirt ( 1992 )REQUIEM FOR A DREAM « [La vie est] un incessant processus purgatorial : ni récompense ni châtiment, rien qu’une série de stimulants qui permettent au chaton de s’attraper la queue. » Qualifié de « Joy Division metal » par certains journalistes, AIC partageait avec le combo mancunien un son froid, oppressant et angoissant, dépeignant un univers lugubre et désolé — et pour tout dire : morbide. Ses compositions étaient marquées par une intensité tragique rare, qui place ce groupe aux côtés des Nirvana, Cure, Joy Division, Tool ou Radiohead dans le Panthéon du rock. Alice In Chains, c’est le rêve, l’enfance et la vie enchaînés. C’est le désespoir face à l’Absurde. Le désespoir ou la double fascination pour la mort et la naissance. Une indécision entre un profond désir de vivre, dans l’exaltation et l’ivresse — de la drogue ou de l’amour — et un refus de vivre dans la laideur fade et insensée de ce monde. Dans les paroles, à plusieurs reprises se confondent mort et naissance : « Some say we’re born into the grave » (Them Bones), « Bury me softly in this womb » (Down In A Hole). Il y a la pesanteur écrasante d’un Beckett et l’inextricable d’un Céline dans le metal d’AIC. Alors que la section rythmique est écrasante, étouffante, la guitare de Cantrell esquisse, par ses riffs lyriques, une quête d’élévation, de naissance. Mais toujours, les chaînes subsistent — la conscience de sa propre mort (« What’s the difference ? I’ll die in this sick world of mine », Sickman). Et, seul se profile l’échec de toute tentative d’élévation (« I’d like to fly, but my wings have been so denied », Down In A Hole). Ce même désespérant vertige hantait déjà les Romantiques, qui eut raison de Nerval. À la chanter avec tant de persistance, Layne Staley cherchait-il à apprivoiser l’idée de sa propre mort ? Rien n’est sûr. Reste que la vie de Layne Staley, à laquelle la musique de Alice In Chains fut un écho évident, apparaît comme un combat contre la mort, contre l’oubli, contre l’Absurde. Dirt, et plus généralement, l’œuvre de Alice In Chains sont d’une beauté envoûtante ; c’est un chant funèbre, un requiem à l’enfance. Un requiem pour un rêve de poésie et d’innocence.
[1] Du fait des probl |