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Biographie

Agalloch

En 1995, lorsque le groupe doom/death Aeolachrymae se sépare, trois nouveaux groupes naissent de ses cendres : Susurrus Inanis, Nothing et Agalloch. Au départ, les deux co-fondateurs de Agalloch (J. Haughm and S. Breyer) entendent créer un dark metal épique et riche en ambiances.  En 1996, ils composent quelques chansons et un second guitariste, L. Anderson, les rejoint.

La première démo From Which Of This Oak sort en 1997 et peu de temps après, arrive le bassiste J. William W.. Le groupe signe ensuite avec The End Records et entre en studio en 1999 pour enregistrer son premier album, Pale Folklore. Le groupe est très bien perçu avec ce disque à l'esthétique folk travaillée, et poursuit ses efforts avec le MCD Of Stone, Wind and Pillor sorti en 2001. Cette compilation de morceaux inédits comprend notamment une reprise du groupe folk anglais Sol Invictus, Kneel to The Cross. Dès 2002, le groupe est de retour avec un second album intitulé The Mantle, une merveille d'atmosphères sombres et désespérées.

Mais, il faut attendre 4 longues années, entrecoupées de quelques EP, avant qu'enfin Ashes Against the Grain sort en août 2006. Cet album délaisse quelque peu la guitare acoustique très présente sur The Mantle et met l'accent sur des éléments aux caractéristiques plus « Metal » en privilégiant la guitare électrique, ce qui donne à l’album un son différent. Février 2008, Agalloch sort The White EP, la seconde moitié de l’EP réalisé pour Vendlus Records. Il s'agit d'une collection de Dark Folk / Ambient, travail réalisé entre 2004 et 2007 cet EP ne fut édité qu’à 2000 exemplaires. En 2008, le groupe publie The Demonstration Archive 1996–1998, compilation réunissant du matériel enregistré entre 1996 et 1998 provenant de From Which of This Oak, celui alors inédit Of Stone, Wind and Pillor et de leur disque promotionnel de 1998. Marrow of the Spirit, sort en novembre 2010. Fin 2013, le groupe annonce avoir commencé à travailler sur un nouvel album, qui est publié en mai 2014 : The Serpent&The Sphere.

16.5 / 20
7 commentaires (15.57/20).
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The Serpent & The Sphere ( 2014 )

Depuis 15 ans Agalloch n'a jamais vraiment déçu. Proposant un black metal teinté de folk et de riches atmosphères, le groupe américain nous offre ainsi en 2014 un nouvel opus intitulé The Serpent and the Sphere

Dès l'entame, Birth And Death Of The Pillars Of Creation, la musique de Agalloch se fait plus posée encore qu' à l'accoutumée  avec de gros riffs doom nuancés de passages folk sur lesquels se pose un râle plutôt qu'un chant criard typiquement black. L'instrumental Serpents Caput et ses arpèges confirme l'impression d'un disque automnal voire hivernal dont se dégage une certaine mélancolie. Les ombres mythologiques d'un monde en perdition planent encore  sur The Astral Dialogue. Là, la musique se fait plus épique avec un riff tout en montée et de beaux passages acoustiques. 

The Serpent and the Sphere se construit ainsi entre ombres et lumières. C'est d'autant plus vrai avec Dark Matter Gods où l'abyme et le chaos tout proches sont enveloppés dans une nouvelle composition lyrique. Les guitares  portées par une rythmique au diapason y ont la part belle. Agalloch nous régale à ce stade et ce n'est pas fini puisque Celestial Effigy suit le même canevas. Là encore la musique est aussi riche que les paroles mystiques formant un nouveau morceau imprécateur. Une voix appelle, venue des ténèbres, intemporelle, et Agalloch lui répond, s'enfonçant dans le noir. 

Cor Serpentis (The Sphere) se pare de tous les atours folk pour nous bercer avant que Vales Beyond Dimension n'enfonce le clou mystique. Car The Serpent and the Sphere n'est que recherche spirituelle aux tréfonds de la conscience jusque dans les limbes de l'éternité. Agalloch nous convie à partager ce voyage qui s'étire encore en deux pistes instrumentales. Plateau Of The Ages est une jolie pièce où les ambiances se succèdent entre mélodies et invocations puissantes, avec lyrisme et harmonie. Le dernier tiers nous offre même un passage où l'envol des guitares nous rapproche davantage du post-rock. (Serpens Cauda) finit le travail avec de nouveaux arpèges de guitares qui nous tire tout en douceur vers la fin du pèlerinage.

The Serpent and the Sphere est un très beau disque de la part d'Agalloch. Entre black atmosphérique, folk et passages doom ou plus mélodiques, on est embarqué sans peine par ce disque d'un genre qu'on pourrait appeler grey metal. 

A écouter : pour la beauté du voyage
16.5 / 20
7 commentaires (16.36/20).
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Marrow Of The Spirit ( 2010 )

Déjà 4 ans depuis Ashes Against the Grain, 8 depuis The Mantle, pourtant ces albums résonnent encore dans tous les esprits. Comment succéder à une oeuvre si colossale, à 3 albums et une collection d'EP de si grande envergure ? Qu'est devenu Agalloch depuis 2006/2008 ? Tâchons d'y répondre avec ce Marrow of the Spirit.

Cette pièce s'ouvre avec They Escaped The Weight of Darkness, rêverie de 3 minutes sur fond de nature, de violon funèbre et de végétation .. Plûtot neuf chez Agalloch, mais on passera rapidement.. : car Into the Painted Grey viendra foudroyer l'auditeur comme l'orage éclatant dans la forêt d'Octobre. Et là, c'est du Blast à la batterie - chose jamais vue chez Agalloch auparavant -, Riff de guitare furieusement mélodique -on peut penser au Ulver période Bergtatt (!) - Entrecoupés par des breaks et des mélodies acoustiques vous transportant dans un autre Monde, comme souvent avec Agalloch. Mais ici, les mecs de Portland semblent se rapprocher de leurs influences Black Metal : Ce Marrow of the Spirit se veut plus sombre, plus brut, plus monolithique aussi. Plus mystique. Les adjectifs et images pleuvent lorsqu'il s'agit de décrire la musique du groupe. De fait, l'artwork choisi résume bien cette album : Fantomatique, insaisissable. L'auditeur semble péleriner (D'ailleurs The Watcher's Monolith parle de pélerinage.) sur un chemin forestier inconnu fait de moments de contemplation, de soubresauts et de folie. La voix de Haughm accompagne toujours ce voyage de belle manière, sans être extraordinaire ou indispensable. (Notons, très peu de chant clair, collant avec l'atmosphère plûtot sombre de l'album) N'en demeure que les morceaux, les mélodies, les sons s'avèrent globalement moins accrocheurs que sur le précédent opus ; on y reviendra moins volontiers que sur un Failing Snow ou un Bloodbirds par exemple : volonté du groupe ? Je pense que oui.

La production quand à elle, se veut  plus brute. Les guitares sont mises en avant, plus abrasives. On aurait aimé des parties de blast plus nombreuses et plus maitrisées de la part du batteur mais l'idée est intérressante de la part d'un groupe comme Agalloch, tout en restant dans la continuité de leurs précédents albums. Le mysticisme de The Mantle et Pale Folklore dans ces sonorités Folk parfois abandonnées dans Ashes Against the Grain, teintée de folie mélancolique Black (Ce chant hurlé sur Black Lake Nidstang...) ... et de Post-Rock. Trop de qualificatifs ? Les mecs d'Agalloch se perdent-ils ? Peut-être. Surement diront certains.. Mais il n'empêche que la démarche reste unique et cohérente, et qu'il est difficile de rester de marbre face à cette musique, face à cette invitation au voyage dans les forêts enneigées de l'Oregon, surtout en ces temps sombres d'Automne propices à la rêverie.

En conclusion, que retenir, que dire de ce Marrow of the Spirit ? Eh bien peu de choses, un album difficile à cerner, moins accessible.. Essai raté ou nouveau coup de génie ? La réponse est moins évidente que pour ses prédécesseurs. A l'auditeur de se faire sa propre opinion. Personnellement, je reste conquis et Agalloch restera, cette année, mon compagnon de longues rêveries urbaines hivernales.

A écouter : Tout, comme un ensemble monolithique.
18 / 20
23 commentaires (18.24/20).
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Ashes Against The Grain ( 2006 )

Il aura fallu 5 années d'attente avant de voir revenir les américains d'Agalloch avec un nouvel album. Le groupe s'est d'ores et déjà fait plus que remarquer avec Pale Folklore et The Mantle en mettant l'accent sur des influences folk plongeant l'auditeur hors du temps. Mais ce qui frappe l'oreille au premier abord à l'écoute de Ashes Against The Grain c'est sa modernité. Le groupe a cette fois accentué les sonorités métal, les instruments gagnant vraiment en impact, sans renier son talent pour créer des atmosphères ombragées et contrastées. Et si ces précédents albums sont de très belles pièces, ce nouvel opus s'annonce comme le mieux maîtrisé.

L'album est porté par un feeling incomparable, avec des riffs plus puissants qu'à l'accoutumée et une batterie punchy qui appuie des mélodies de guitares pleines de sensibilité. Clairement, on se laisse porter, traversant ça et là les ilots ambients qui introduisent ou ferment les morceaux. Hormis un interlude, tous s'échelonnent entre 5 et 10 minutes, prenant le temps de faire vivre toute une palette d'émotions entre mélancolie, rage, désespoir et apaisement. Le chant demeure terre de bouleversement, à la fois orageux lorsqu'il se fait écorché et pour tout dire black, et harmonieux dans ses élans en voix claire.

Limbs donne l'ouverture avec une superbe amplitude cachant une veillée acoustique avant que la batterie ne sonne le départ, ouvrant la voie (ou la voix) à Haughm dont le chant éructé semble écumer de rage. Surgi des limbes sans doute. La surprise vient alors de Falling Snow, batterie métronomique, riffs concassés, emballement des guitares, le tout rappelle clairement les compositions du Brave Murder Day de Katatonia, avec un certain brio. Après un court interlude comme jailli des atmosphères hivernales du passé, Fire Above, Ice Below impose de nouveau la patine folk qui manquait peut-être aux admirateurs du groupe. Mené avec constance et amplitude, ce morceau nous offre les premiers éclats de chant clair, qui résonnent de belle manière sur une instrumentation tenue de bout en bout, où l'acoustique le dispute à l'impact des frappes et la simplicité des harmonies électriques. Superbe tout simplement. Lorsque les vagues viennent frapper la forteresse débute Not Unlike The Waves, grondante ascension avant une attaque toute en tempo. Là, l'arrangement des voix se fait plus contrasté que jamais, entre la violence enragée jaillie des tréfonds d'une gorge et la douce caresse d'un chant clair qui marque lui aussi ce morceau de son empreinte. Ce morceau oscille ainsi de la colère à l'apaisement au rythme de cette voix et de ces riffs qui nous plongent en des territoires qu'on pourrait qualifier de black metal atmosphérique.

C'est alors qu'intervient la grande pièce en trois actes. Our Fortress Is Burning, ou comment faire passer l'auditeur dans une nouvelle dimension. Dans son premier tiers, piano délicat et guitares ciselant la mélancolie, l'acoustique a la part belle. Le paysage traversé semble s'éteindre de lui-même, avant le second acte, Bloodbirds, d'une évidente inspiration post-rock. Celui-ci ressemble à une élévation, au gré de nouvelles magnifiques mélodies de guitare. Elles emplissent l'espace sonore d'une mélancolie atténuée que vient déchirer le chant amer de Haughm. Ses cris de douleur s'éclipsent avant le troisième et dernier chapitre, totalement ambient, The Grain, une surprise totale, qui peut décontenancer, véritable effondrement du disque sur lui-même. Là, toute mélodie est inutile, c'est un voyage sensoriel qui s'offre, brumeux, saturé de sons diffus dont ressort pourtant une inquiétante harmonie. Ashes Against The Grain se montre alors comme la sirène à la fois charmeuse et grondante qui ensorcelle l'auditeur par ses trouvailles avant de le happer dans un gouffre infini.

Agalloch avait déjà enchanté avec deux superbes disques et une petite collection d'EP. Cette fois, le groupe place la barre encore un peu plus haut avec un troisième album très abouti. Ashes Against The Grain est un disque qu'on ne va certainement pas oublier cette année, véritable bijou de feeling et d'émotions pures. Beauté et tourments s'offrent à vous, n'hésitez pas.

A écouter : Tout, encore et encore