On garde un souvenir bariolé du passage d'Absolutely Free à Paris en novembre 2013. Quatre gamins à énergie et une musique haute en couleur qui nous avait mis l'eau à la bouche pour leur premier LP. Si les 7" qui l'ont précédé, On the Beach et UFO, cherchaient encore leur style au cœur de leurs délires psychédéliques, ce dernier étant à mettre en regard des productions de Beak> auxquelles on aurait voulu mettre plus de flammes, Absolutely Free. s'affirme comme un disque pop chaloupé et sûr de ses références.

Si l'on n'y prend garde, la première moitié du disque pourrait sonner exactement comme la suite qu'aurait pu donner Caribou à Andorra s'il n'avait pas pris son virage electro. Mêmes fredonnements vocaux doux et évanescents, même homogénéité affirmée dans les compositions, mêmes sonorités pop électroniques onctueuses, bercées par les années 70. C'est flagrant sur "Beneath the Air" ou "Earth II", et sa rythmique krautrock. Sur ces deux morceaux, parmi les meilleurs du disque - coïncidence ?, on pourrait croire que le chant est assuré par Dan Snaith lui-même. Sans pour autant disparaître tout à fait, même après plusieurs écoutes, ce sentiment s'estompe heureusement, à mesure que les anciens DD/MM/YYYY façonnent leur propre identité.

Fourmillant d'idées, Absolutely Free. est néanmoins un album fluide et facile à apprécier. La maîtrise des boucles synthétiques, qui ont pris le pas sur les guitares, au moins dans le mix final, et le bouillonnement permanent des percussions ("Vision's", par exemple) révèlent un groupe inventif et peu enclin à la paresse mélodique. Dans la ligne de progression de ses prédécesseurs, l'album est moins foutraque, moins débridé peut-être, mais gagne en finesse et en clarté. Depuis l'ouverture sur "Window of Time", patchwork sonore lancinant et entêtant, jusqu'à la futuriste "Spiral Jetty" qui pourrait étendre son horizon au-delà de huit minutes, le trio ne ménage pas ses efforts. Il en résulte un premier long aussi immédiat qu'agréable à écouter, dont la légèreté est animée d'une dynamique cohérente qui gère parfaitement ses quarante-deux minutes au compteur.

Loin de rechercher le climax, Absolutely Free. s'apprécie dans la durée et bénéficie, contrairement à d'autres disques pop sortis cette année, d'un réel soin d'exécution qui devrait laisser une impression durable. Si seulement les inspirations n'étaient pas aussi évidentes, l'enthousiasme aurait été plus complet. On se contentera donc de remarquer qu'avec ses nouveaux morceaux, Absolutely Free a un beau potentiel que l'on espère voir affiner sur leur prochain album.