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Biographie

A Silver mt. Zion

 Ecoutez et découvrez une branche de l'arbre généalogique de Godspeed You! Black Emperor (GY!BE). Conduit par le guitariste fondateur de GY!BE Efrim, A Silver Mt. Zion réunit d'autres membres du groupe-père, Sophie et Thierry. Pas fondamentalement divergent des émotions que nous offre GY!BE, A Silver Mt. Zion n'en est pas moins un groupe à part entière dont les caractéristiques distinctives résident d'abord en son plus petit nombre de membres permanents et ensuite par l'utilisation importante des violons et des violoncelles. En revanche, guitares et batterie se font plus discrètes. Mais à la différence de GY!BE, les mélodies ne se répètent pas de façon crescendo afin d'atteindre une montée pressentie, mais prennent directement par les tripes et ce, grâce à un savant mélange : une voix plaintive sortie des ténèbres, un soudain éveil des instruments ou encore une ballade langoureuse.

Enfin, quoi qu'il en soit, si vous aimez déjà GY!BE, il y a de fortes chances que vous soyez séduits par son bébé.

13.5 / 20
5 commentaires (15.2/20).

Kollaps Tradixionales ( 2010 )

La discographie des Canadiens s'avèrent pour le moment un sans-faute, tout en gardant une évolution notable qui permet au combo d'éviter de tourner sans fin à la manière du dernier sillon de f#a# infinity... Le virage musical abordé par les derniers opus pourra en avoir laissé plus d'un sur le bord du chemin, A Silver Mt. Zion a cependant su séduire sans grands artifices. 10 ans après He Has Left Us Alone But Shafts Of Light Sometimes Grace The Corner Of Our Rooms..., le combo revient pour son 6ème LP, Kollaps Tradixionales. Artwork et packaging sobres mais plus fournis que jamais, ce nouvel opus semble si différent et si proche qu'il ne laisse pas indifférent...

Parmi les maitres d'œuvres du PostRock dans sa forme la plus lancinante depuis de nombreuses années, A Silver Mt. Zion n'a jamais failli ni montré le moindre signe de fatigue, allant jusqu'à poser un coup de chef sur 13 Blues for Thirteen Moons et 1,000,000 Died to Make This Sound. A première vue, il en va de même sur Kollaps Tradixionales : chant larmoyant et incertain, cordes prêtes à monter en puissance et littéralement exploser ('Piphany Rambler) lorsque les notes ne s'entrechoquent pas sans but (I Fed My Metal Bird The Wings Of Other Metal Birds) et mélodies enjôleuses comme jamais, parfois aussi rythmées que l'époustouflant God Bless Our Dead Marines sur Horses In The Sky ou simplement larmoyantes à la manière de Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward. A Silver Mt. Zion s'aventure ainsi sur l'ensemble de sa carrière, cherchant allègrement l'inspiration dans ses disques précédents pour lâcher un pavé de 56 minutes.
 En effet, en sortant un tel disque, le combo laisse perplexe. Entre sensation de redite et passages parfois trop prévisibles (Kollapz Tradixional (Thee Olde Dirty Flag)), la chute suite à 13 Blues for Thirteen Moons se fait rude. Non que ce disque soit banal, loin de là, mais l'effet de surprise -s'il y en a eu un dans ce mouvement musical- se veut bien atténué et l'on cherche encore la sortie de la boucle There Is Light. De la même manière, la voix d'Efrim se veut plus frêle que jamais : instable, tremblotante jusqu'à devenir presque irritante, elle pousse Kollaps Tradixionales dans ses derniers retranchements (There Is Light), bien plus loin que sur 13 Blues for Thirteen Moons. Pas de demi-mesures : on sera séduit ou on maudira ce timbre si particulier qui effacera les cordes et percussions. Les instruments ne sont pas en reste : I Fed My Metal Bird The Wings Of Other Metal Birds, assez loin du reste de l'opus et qui durant sa première moitié ne sera qu'amas de notes sans structure, ou Collapse Traditional (For Darling) qui se dévoile trop vite face à l'auditeur desservent le ressenti de Kollaps Tradixionales...

Pas de grosse surprise sur ce nouvel album qui fera sans doute plus d'effet en live que sur une platine crépitante. Quelques espoirs déçus, quelques lignes vocales trop peu assurées qui tendent à faire de Kollaps Tradixionales un disque ni trop banal ni trop surprenant. Douce et amère déception au final face au reste de la discographie, qui arrive pourtant à séduire via quelques compos plus inspirées que le reste : I Built Myself a Metal Bird, 'Piphany Rambler ou Kollaps Tradicional (Bury 3 Dynamos)... Heureusement.

A écouter : I Built Myself a Metal Bird - Kollaps Tradicional (Bury 3 Dynamos)
16.5 / 20
2 commentaires (15.5/20).
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13 Blues for Thirteen Moons ( 2008 )

Un album de A Silver Mt. Zion sonne toujours comme une expérience à part, un moment intense et énigmatique, duquel on ne ressort pas intact. Il aura fallu attendre 3 ans pour voir le successeur de Horses In The Sky arriver entre nos mains, avec cet artwork dépouillé, simple mais humble, à l’image de la musique du groupe, alors qu’un nouvel album de GYBE! se fait toujours attendre. Car ce 13 Blues For Thirteen Moons respire la sincérité, la volonté de créer une œuvre à part entière et non un simple ensemble de morceaux sans motivation réelle…

Les 12 premières pistes, de quelques secondes chacune, se succèdent pour former une mélodie presque dérangeante, stridente, mais ô combien énigmatique… Telles des cris de douleur, elles mettent mal à l’aise, cris d’agonie des 1,000,000 de morts évoqués lors de 1,000,000 Died To Make This Sound, dont les premières notes se fraient délicatement un chemin jusqu’aux oreilles de l’auditeur...

La voix, toujours hésitante, lâche ses mots de ce timbre si particulier empli de tristesse… Ce "1,000,000 Died To Make This Sound", répété en boucle sur la quasi-totalité de la chanson du même nom, sorte de litanie, de prière en hommage à un génocide musical, sonne si fragile dès les premières notes, que l’ampleur qu’il prend au final semble presque étonnant. La montée en puissance sonne tel un appel à l’unisson, au regroupement, mis en musique par l’ajout des instruments et des autres voix au fur et à mesure. Sur 13 Blues For Thirteen Moons, on la sent plaintive, chaque mot pleurant, évacuant ce trop plein de tristesse. On pourrait presque sentir les larmes couler sur le visage d’Efrim, lors de passages comme celui se trouvant aux alentours des 7 minutes. Black Waters Blowed/ Engine Broke Blues se voudrait, contrairement aux autres morceaux, presque joyeuse, les instruments se lâchant dans ce qui pourrait sembler une cacophonie musicale, mais serait plutôt un subtil agencement visant à exacerber les sens de l’auditeur. Bien que souffrant de cette mélancolie présente sur tout l’album, elle reste cependant la moins triste, celle dont la douleur se veut moins forte… Pourtant les cordes se veulent en deuil, chaque note résonnant tel un dernier cri d’adieu… Que dire encore de Blind Blind Blind, où les notes résonnent au début comme des pas hésitants, tâtonnements musicaux, pour mieux arriver au paroxysme offert lors des dernières minutes, où les instruments explosent, apogée du disque… Pour mieux se terminer sur un chœur de voix répétant encore et encore ces mêmes mots, supplique fermant ce disque à l’inverse de son ouverture, comme si la foule amenée derrière Efrim se dispersait petit à petit…

Musicalement, les notes se succèdent, s’entremêlent, s’unissent, non comme un renfort au chant, mais comme une entité à part entière, offrant à la fois ce coté doux et discret comme sur la fin de 13 Blues For Thirteen Moons, et celui plus violent (tout en se préservant d’une colère inutile) telle la conclusion de Blind Blind Blind. Cordes et percussions virevoltent, évacuant de leurs corps les fragiles derniers espoirs qui s’envolent vers les 13 lunes pour lesquelles jouent A Silver Mt. Zion.

A Silver Mt. Zion offre un album chancelant, où les notes se succèdent parfois à tâtons, mais finalement assemblées en un ensemble de compositions suintant la mélancolie. Sur presque une heure, le groupe offre le meilleur de lui-même, à travers une très grande tristesse et une instrumentation suavement maitrisée, plaçant ce disque au même niveau que ses prédécesseurs, ce qui devrait ravir les amateurs du groupe….

A écouter : Les larmes aux yeux
16.5 / 20
5 commentaires (16.6/20).
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Horses In The Sky ( 2005 )

A silver Mt. Zion se nomme pour cet album Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra and Tra-La-La Band : le groupe mutant évolue de par son nom sur chaque album et de par sa musique, bien évidemment. Sur ce Horses In The Sky le groupe de 3 ex-Godspeed You! Black Emperor, à ses débuts, affiche désormais 7 membres.

La musique de A Silver Mt. Zion reste avec une base post rock comme pour chaque album mais varie au niveau des styles venant s’enrouler autour de cette base. Les touche à tout de A Silver Mt. Zion délivrent ici un album nageant entre deux eaux, tantôt folk tantôt low-fi, et immanquablement post rock façon GY!BE distillé avec parcimonie.

58 minutes pour 6 morceaux, comme d’habitude A Silver Mt. Zion aime prendre son temps et ce n’est pas nous qui allons nous plaindre. Dès les premières notes, on est conquis par ce son low-fi, ce chant d’écorché si particulier d’Efrim, cette contrebasse qui peu à peu se fait accompagner de violons, percus, de plus en plus de voix, … Comme si le message contestataire (car, oui, A Silver Mt. Zion est engagé) ne pouvait que mettre d’accord les foules, les pousser à se révolter, et c’est cette image qui s’impose au fur et à mesure du morceau d'ouverture : une foule grossissante et avide d’en découdre, d’hurler sa rage. Jusqu'à ce qu’en plein milieu tout se coupe, comme si une balle était venue amputer la foule, la mélancolie envahit alors l’assistance qui, petit à petit, se remet sur pied et accompagne ce chant mélancolique qui s’étrangle dans la douleur…
A l’image de ce God Bless Our Dead Marines, chaque morceau pourrait être décrit via une histoire, A Silver Mt. Zion jouent bien plus que de la musique, ils nous font imaginer des histoires, nous injectent des émotions, nous pétrifient de douleur ou nous paralysent de mélancolie. A Silver Mt. Zion me donnent l’impression d’écouter une pièce de théâtre musicale, une pièce de théâtre pleine d’humanité et d’humilité. Chacun s’y fera son univers mais nul doute que la passion qu’a mis le groupe dans ce CD est communicative pour peu qu’on soit réceptif à ce genre de musique, à la fois minimaliste et pourtant tellement complexe.

Horses In The Sky n’est pas le genre d’album qui s’apprivoise en une écoute, ni même en 100; cet album évolue avec le temps, avec nous, mais nul doute qu’il reviendra régulièrement accompagner votre vie, que vous vous inventerez une histoire à chaque fois. Laissez vous porter par A Silver Mt. Zion, ou tout du moins essayez, vous verrez, c’est fantastique…

A écouter : R�guli�rement
15 / 20
1 commentaire (16/20).
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Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward ( 2001 )

A Silver Mt. Zion fait partie de ces groupes à dominante instrumentale et frissonnale (entendez ici "qui donne forcément des frissons") dont il n'est pas facile de parler en terme de technique des musiciens. Car la technique, elle, ne diffère pas vraiment de ce que l'on peut entendre dans le cadre de Godspeed You! Black Emperor.

Alors il reste les émotions que cet album Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward nous transmet et là, le danger est de faire partager à son lecteur quelque chose de trop personnel pour qu'il puisse se faire une idée de ce que je suis en train d'écouter en cet instant présent. Je vais quand même me risquer à cette entreprise. Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward pourrait être un chuchotement à votre oreille, le bruit de la brise d'automne sifflant dans l'air, ou encore une feuille morte dansant sous l'action du vent. La ballade est douce, calme, apaisante ; les violons vous portent et vous transportent dans les endroits de la nature les plus reculés.

Puis une petite  fille vous connecte au monde humain en vous parlant de mots qui déplaceraient des montagnes sur Built Then Burnt (Hurrah! hurrah!). Les violons reprennent la suite du dialogue et vous bercent jusque dans l'antre d'une forêt canadienne. Et puis le rythme s'accélère, Take These Hands and Throw Them in the River sonne comme une sonnette d'alarme : une voix distordue répétée en échos déchire la course accélérée des violons et violoncelles… se heurtant ensuite à un silence apaisant marié au doux chant des oiseaux et à quelques aboiements d'un chien.

Ensuite, le réveil est dur, long et pénible : il se fait durant le temps de Could've Moved Mountains  et de Tho You Are Gone I Still Often Walk W/You où le violoncelle grince, le piano frappe, et l'atmosphère étouffe. On assiste ensuite à une véritable résurrection insufflée par une guitare électrique puis par des violons porteurs de légèreté et concrétisée enfin par une batterie cadencée aux rythmes chancelants d'un cœur qui revient à la vie.

Et puis le rythme devient sûr et la vie s'ancre pour de bon dans les liesses des violons et des voix : c'est Triumph of Our Tired Eyes...

A écouter : Sisters! brothers! small Boats of Fire Are Falling from the Sky!, Take These Hands and Throw Them in the River, Triumph of Our Tired Eyes..
15 / 20
1 commentaire (13/20).
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He Has Left Us Alone But Shafts Of Light Sometimes Grace The Corner Of Our Rooms... ( 2000 )

2000, après son apogée (Lift Your Skinny Fists Like Antennas) Godspeed You!Black Emperor se prépare à entrer dans une période plus ou moins sombre ; quelques divergences au sein du groupe apparaissent -notamment à cause d'interviews dégradantes, certains se lancent dans un side-project; bref, un groupe de plus d'une dizaine de membres est loin d'être facile à gérer. Efrim Menuck, leader anti-leader de GY!BE, lance également son side-project, initialement nommé 'The Silver Mount Zion". Très inspiré par la mort de son chien suite à un cancer, il va, accompagné de certains musiciens de GY!BE, dont Thierry et la violoniste Sophie, apprendre à écrire de la musique grâce à ce premier album.

Deux éléments résument le ton de ce CD ; la volonté d'Efrim d'approfondir les sonorités des cordes trop effacées sur GY!BE, et la mort de son animal de compagnie. Violons et Contrebasses sont donc omniprésents tout le long de l'oeuvre, décrivant d'abord de terribles spirales qui s'effondrent dans le vide sur les trois premiers morceaux (Broken Chord Can Sing a Little, Sit in the Middle of Three Galloping Dogs, Stumble Then Rise on Some Awkward Morning), accompagnés par un piano glacial qui enfonce le clou.

Mais cet album est loin de n'être que noirceur ; on a affaire à du post rock, à des gens relativement sympas et grisés du cerveau, pas à des gens tout de noir vêtus. Après Movie (Never Made), un énorme hymne chanté par Efrim lui-même, grand de sa sobriété et de ses mots, le côté instrumental reprend le dessus. Une couverture divinement douce vient réchauffer les rescapés de l'implacable tourbillon sur 13 Angles Standing Guard 'Round the Side of Your Bed. Le rythme de la vie reprend avec la dernière partie de l'album, divisée en deux ; Blown-Out Joy from Heaven's Mercied Hole, puis For Wanda présentent une marche périlleuse, navigant entre de nombreuses émotions... "Don't tell me that I'm free" est murmuré, puis le sympathique violon entame une danse avec un piano qui va très vite le précipiter dans un profond malaise, duquel il ne se s'extraira pas... Il pleurera langoureusement avant de venir mourir auprès de la contrebasse. « Hope » tout de même? D'un grondement sourd naît quelques nappes enfantines qui tendraient à nous laisser transiter vers des cieux un peu plus cléments, comme Sigur Ros peuvent nous proposer sur Takk par exemple.

Premier visage du Silver Mount Zion : un orchestre restreint, un post rock symphonique, clair, instrumental, beau, et aisément accessible. Qu'en est-il de la postérité? Le Silver Mount Zion a donné naissance à quatre albums ne se ressemblant que très peu, mais brillant tous par leur talent.

A écouter : Stumble Then Rise on Some Awkward Morning, Movie (Never Made), 13 Angles Standing Guard 'Round the Side of Your Bed...