Journal de Tournée d'Abraham

On accompagne Abraham sur toute leur tournée pour The Serpent, The Prophet &The Whore. Fragments de vie, fatigue ou simplement quelques mots, histoire de voir comment ca se passe dans l'envers du décor... On leur laisse librement la parole et accès à leur appareil photo.
11 et 12 octobre 2012, Lausanne et Lyon

Une tournée d'Abraham ne serait pas une tournée d'Abraham si Renzo ne commençait pas par s'ouvrir le front au premier concert. La recette gagnante, quoi.
Et notre pédantologisme a été caressé dans le sens de la barbe le lendemain à Lyon: rien de tel que la cave humide d'une librairie pour un lâcher de serpents sornettes.

13 octobre 2012, Strasbourg

Les fesses se tannent dans le bus et les thromboses mijotent. Le niveau intellectuel est admirablement élevé, comme à notre bonne habitude. Témoin: cette photo du professeur Doe en train d'expliquer le principe de rétropilosité des roux aux membres du groupe, de sorte que Schlagmeister puisse être stigmatisé correctement à l'avenir.

14 octobre 2012, Turin

Notre spécialité étant la nausée, nous avons opté pour traverser les Alpes par le Col du Grand Saint-Bernard. Les lacets sont restés gravés dans nos estomac de longues heures durant, mais ça en valait la peine: on a pu obtenir ce fameux teint verdâtre qui craint tant (comme Type O).

15 octobre 2012, Clermont-Ferrand

La route est une fantastique source d'inspiration — et il est si facile d'avoir l'air malin qu'on ne laisse aucune occasion passer, voyez-vous.


Mais tant d'heures de bus et si peu d'heures de sommeil ont rendu Mat complètement fou. Il a fallu l'attacher à son siège avec du gaffer.

16 octobre 2012, Toulouse

Encore une fois, un concert bien sanguinolent à Clermont-Ferrand malgré Mat toujours attaché dans le van. Il a été libéré durant la suite de la soirée et lâché sur l'alcool en même temps que la horde de serpents à sornettes. La nuit a pris un tour très étrange lorsqu'il n'y avait plus rien à mélanger au whisky, sauf de la bière. Un mélange crust pour les crusteux. Quelques heures de black out plus tard retour dans le van, Mat est scotché à son siège, les serpents rappelés et l'enculomètre recommence à compter. Toulouse nous accueille dans son lit paré de rose, nous tend les bras et les bouteilles, nous offre l'hospitalité de la putain. Le lit est déjà chaud, les draps froissés, mais nous sommes nourris à pleine bouche, le bon lait coule en abondance de ces seins divins. Ce nectar délicieux nous donnera la force nécessaire pour une nouvelle nuit bénie.

17 Octobre 2012, Le Zinor, Montaigu

Retour vers le nord dans un Zinor flambant neuf, les montacutains et montacutaines nous réservent, en ce mercredi soir, un accueil humide et chaleureux, à l'image de la convivialité tranquille de la foret tropicale originelle. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous découvrimes la transubstantation qui s'était opérée en backstage quelques aeons plus tôt en notre cher Schlager, tel une malédiction venue du fond des bocages équatoriaux de la Vendée coloniale. Après moult invocations aux dieux de la fosse septique et du chèvre chaud corsé, un fin fumet de merde brûlée s'éleva dans ces sphères inférieures de l'univers, signe que le divin avait entendu notre appel: le corps astral de notre frappeur retropileux retrouva son habituelle forme humaine, concrète, banale. Dave ne semblait pas se souvenir de cet épisode de possession traumatique, il n'en gardait qu'un goût de saucisson dans le fond de la gorge, signe évident du combat psychique qu'il avait dû livrer à cet esprit puissant et malveillant venu de l'abîme originel du temps. Quelques vocalises des mains plus tard, il réussi in extremis à reprendre son rôle de frontman derrière sa batterie. On t'aime Dave. On vous aime aussi tous, les mecs. Becs.

18 octobre 2012, Le Klub, Paris

La route vers le nord se poursuit et bifurque vers l'est pour nous jeter dans les rues cannibales de la capitale. Les caveaux serrés du Klub nous permettent tout juste de poser notre matériel prévu plutôt pour des stades à grande capacité. Après avoir réglé le son des deux micros disponibles, nous avons pour une fois l'occasion de faire quelques pas en touristes, et passons voir les célèbres et élégantes parisiennes, les cathédrales gothiques en ruine et le coup de boule de Zidane au centre Pompidoux. Toute cette douceur nous ouvre les portes d'une soirée de délices. Le concert est extrêmement euphorisant et comme d'habitude les femmes sont là pour plébisciter la pilosité hors-normes de nos visages ravagés par les nuits sans sommeil. Et on le sait, elles sont, dans la capitale, d'une compagnie raffinée. Nos excès de boisson ayant finalement eu raison de leur délicate sociabillité, nous entamons la deuxième partie de notre excursion touristique, cette fois de nuit, qui passera par l'arc de triomphe et le bois de Vincennes... Oh Bacchus, ramène-nous à la vie demain!


19 Octobre 2012, Emporium Galorium, Rouen

Nous voici donc arrivés à Rouen après une nuit de sommeil plus que salvatrice dans l'auberge grand luxe qui nous a généreusement été offerte par nos chers amis du Klub. Frais, fringants et plus que jamais prêts à en découdre, nous débarquons donc à l'Emporium avec une seule idée en tête: faire régner la puissance de nos barbes sur cette ville qui fût autrefois l'une des plus importantes de France. Après avoir dégusté quelques victuailles délicatement apprêtées par notre hôte, bu une quantité significative de cervoises de qualité supérieure, nous décidâmes donc de nous imprégner de l'ambiance particulière qui régnait dans les sombres rues rouennaises en ce vendredi soir pluvieux comme en témoigne la photo du jour.
Hélas, cette bonne vieille ambiance dark funesto s'est infiltrée sournoisement dans le souterrain de l'Emporium, ce club pour orgie romaine pré-socratique. Le début de soirée s'éternisait et nous désepérions de pouvoir jouer à une heure encore quelque peu décente. Sachant que nous avions quelques 750km à avaler le lendemain, monter sur scène à 1h30 en sachant que les heures de sommeil se compteraient sur les doigts d'une main amputée, fut ce soir-là particulièrement difficile. Les derniers dur-à-cuire qui à cette heure avancé de la nuit et après 3 concerts déjà bien chargés en testostérone animale sont encore capables d'avaler un set entier de plombax comme nous l'avions concoctés n'étaient pas très nombreux. Malgré les conditions relativement correctes de la soirée, un voile noir et funeste s'est abattu sur nos âmes et difficile fut la traversée de cette vallée de labeur avant la rédemption du sommeil. Qui dura 2 heures.

20 Octobre 2012, Papagei Minden

Par tous les dieux, 750km, trois pays, et un contrôle de Polizei plus tard, nous arrivons devant le Papagei et retrouvons nos vieux compagnons de Never Void. Ils nous accueillent cette fois-ci dans ce qui semble être à priori un nouveau bar empli du brouillard de clopes et une bonne cave à champignons. L'avantage de ce genre de coin, c'est que même un soundcheck est superflu. Une balade dans la ville de Minden plus tard, l'endroit semble s'être aéré et les champignons avoir été récoltés, l'hospitalité se laisse désormais goûter à la sauce allemande: un repas chaud à la patate et le libre-accès au bar. Peu de temps après, Never Void nous envoie sa sauce ultra-précise et bien agressive; ils ont pris de la bouteille, ces salauds, et de la bouteille bien teutonnne. Sans a-priori, sans réelle confiance non plus, nous nous installons ensuite sur scène, faisons un court line-check et nous lançons dans ce qui sera l'un de nos meilleurs et des plus déjantés concerts de la tournée. Nous pouvons en l'occurence citer ce moment où Renzo à genoux devant Val le Vert mime une fellation avec tant de passion que Schlagmeister, sous le coup de fous rire incontrôlables, se fout dedans et foire la fin de Baruch. Dans l'ensemble, une excellente soirée et comme d'habitude un accueil de grande classe chez Christian, avec du chili d'après concert et un brunch à faire pâlir les démons romains.


21 Octobre 2012, Celle Rockcave

Dernière date de la tournée, que dire. La cave de granit n'en était même pas une: une bonne grotte de plastique sans aucune sono. Malgré les efforts de notre hôte et de notre bon Chris Noth, il demeura impossible de trouver en ce dimanche soir le minimum syndical (soit 2) de micros et de câbles xlr. Il fut donc décidé de ne pas jouer et de nous concentrer uniquement sur le repas qui nous attendait chez Santa Lucia et la nuit dans cette très vieille demeure (XVIe?) du centre de Celle. Accueil certes chaleureux et généreux, mais néanmoins ambigu: plus l'on y réfléchit, plus cette vieille maison retapée, dont les salles de bains sont vitrées y compris au-dessus de la douche, pourrait laisser penser que des choses s'y passent auxquels nos coeurs innocents ne peuvent s'abaisser à penser réellement. Dernières paroles de notre hôte: Tomorrow, we will have a model party here!


Euka (Octobre 2012)

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Commentaires

VinZLe Jeudi 18 octobre 2012 à 18H36

Jeudi c'était grand !!